Mieux contrôler l’ensemble des facteurs de risque cardiovasculaire c’est aussi repousser le risque de démence, conclut cette étude de l'Université d'Umeå (Suède). Cette étude longitudinale suggère ainsi que l’accumulation rapide de facteurs de maladie cardiovasculaire, comme l'hypertension artérielle (HTA) et l'obésité, est prédictive du risque de démence. Ces conclusions, présentées dans la revue Neurology, appellent à des interventions précoces auprès de personnes présentant des risques cardiovasculaires « accélérés ».
On sait aujourd’hui que les facteurs de risque cardiovasculaire, comme l’HTA, le diabète, l'obésité et le tabagisme, jouent un rôle clé dans le risque de déclin cognitif, de démence et de maladie d'Alzheimer. L’étude montre que l’accumulation de ces facteurs à un moment donné de la vie, à un rythme plus rapide, est associée à une augmentation du risque de démence vasculaire ou de maladie d’Alzheimer. Ce risque est alors accru y compris par rapport aux personnes ayant les mêmes facteurs de risque mais stables tout au long de la vie.
Accélération du risque cardiovasculaire, augmentation du risque de démence
L’auteur principal, le Dr Bryn Farnsworth von Cederwald, de l'Université d'Umeå explique que cette accumulation de facteurs de risques cardiovasculaire se traduit par « l'émergence d'un déclin de la mémoire ».
L'étude a suivi durant 25 ans 1.244 personnes âgées en moyenne de 55 ans et en bonne santé cardiovasculaire et cognitive à l’inclusion. Les participants ont passé des examens de santé, des tests cognitifs et ont renseigné leurs facteurs de mode de vie par questionnaires tous les 5 ans. Le risque de maladie cardiovasculaire a été déterminé à l'aide du score Framingham qui prédit le risque d'événement cardiovasculaire sur 10 ans. Ce score prend en compte différents facteurs dont l'âge, le sexe, l'indice de masse corporelle (IMC), la tension artérielle, le tabagisme ou le diabète. L’analyse des données constate que :
- au début de l’étude, Les participants avaient un risque de maladie cardiovasculaire moyen à 10 ans compris entre 17 % et 23 % ;
- sur tous les participants, 78 soit 6 %, ont développé une maladie d'Alzheimer au cours du suivi ;
- 39 participants, soit 3 %, ont développé une démence de type vasculaire.
- Le risque de maladie cardiovasculaire reste stable chez 22 % des participants,
- augmente modérément au fil du temps chez 60 % des participants,
- augmente très rapidement chez 18 % des participants.
- les participants à risque cardiovasculaire stable présentent un risque moyen d'événement cardiovasculaire de 20 % sur 10 ans tout au long de l'étude ;
- les participants à risque modérément accru passent d’un niveau de risque de maladie cardiovasculaire de 17 % à 38 % ;
- les participants à risque accéléré passent d'un niveau de risque de maladie cardiovasculaire de 23 % à 62 %.
- Vs les participants à risque de maladie cardiovasculaire stable, ceux dont le risque cardiovasculaire s’accélère présentent un risque démultiplié (multiplié par 3 à 6) de maladie d'Alzheimer et de démence vasculaire (multiplié de 3 à 4) ;
- chez ces mêmes participants, le risque de déclin de la mémoire à l'âge mûr est accru de 40 %.
Plusieurs facteurs de risque cardiovasculaires élevés et accélérés : les auteurs soulignent qu’accélération va souvent avec accumulation, ce qui indique qu'une telle accélération peut provenir d'une accumulation de dommages causés par une combinaison de facteurs de risque au fil du temps.
Les chercheurs appellent donc les cliniciens à bien détecter et traiter l’ensemble des facteurs de risque chez chaque patient, et donc, en pratique, viser conjointement la réduction de l'hypertension artérielle, l'arrêt du tabac et la baisse de l'IMC.
Source: Neurology April 20, 2022, DOI: 10.1212/WNL.0000000000200255 Association of Cardiovascular Risk Trajectory With Cognitive Decline and Incident Dementia
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