Alors que les études se succèdent pour sensibiliser à l’importance de la santé des futures mères ou des femmes en âge de concevoir, pour la santé de leurs futurs enfants, peu de recherches sont encore menées sur l’impact de la santé du père sur celle de sa famille. Même si certaines études ont également suggéré un héritage paternel épigénétique aussi pour l’enfant. Cette toute première enquête de santé publique, menée auprès de nouveaux papas et publiée dans la revue PLoS ONE, montre que suivre la santé des pères et leurs facteurs de mode de vie pourrait contribuer à améliorer les résultats de santé pour toute la famille.
De précédentes recherches ont néanmoins déjà établi un lien entre l'implication des pères et l'amélioration de la santé maternelle et infantile, notamment une durée d'allaitement plus longue, des niveaux inférieurs de dépression maternelle, une initiation plus précoce aux soins prénatals, une utilisation accrue des services de soins postnatals et une amélioration des résultats développementaux, psychologiques et cognitifs de l'enfant.
Des études ont également révélé que les hommes considèrent souvent la naissance de leur enfant
comme un levier de changement de leurs propres habitudes de santé.
L’équipe de l’Hôpital pour enfants de Chicago rappellent, qu’aux Etats-Unis, la législation exige le suivi et la communication de certaines données de comportements de santé de la mère, au de la période qui entoure l’accouchement, autour de l'accouchement, mais que les pères ont toujours été négligés dans ces interventions de suivi et de prévention de santé publique. Pourtant, il a été démontré que certains facteurs liés au mode de vie du père (dont les facteurs de santé métabolique ou encore le tabagisme) peuvent aussi jouer un rôle important dans la santé et le bien-être des enfants, et plus largement, de toute la famille. L’auteur principal, le Dr Craig Garfield, professeur de pédiatrie et de sciences sociales médicales à la Northwestern University Feinberg School of Medicine et son équipe, soutenus par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont piloté cette nouvelle enquête.
Une enquête sur les comportements des hommes au moment de l’entrée dans la paternité.
Les chercheurs se sont inspirés d’outils de surveillance sanitaire déjà mis en œuvre par les CDC et, en particulier de l’outil PRAMS (Pregnancy Risk Assessment Monitoring System) pour développer PRAMS for Dads qui fournit pour la première fois des données sur les comportements et les besoins uniques des nouveaux pères.
Disposer d'une source d'informations santé fiable sur les « nouveaux pères » est important, car cela va permettre de mieux comprendre comment les hommes vivent cette transition vers la paternité, comment cela influence leur mode de vie et leurs résultats de santé, mais aussi ceux de leur bébé et de toute la famille, explique en substance les auteurs. Parmi les premiers constats effectués avec ce nouvel outil :
- 70 % des pères (ici aux Etats-Unis) sont en surpoids ou souffrent d'obésité dans cette période périnatale ;
- près de 20 % ont déclaré fumer :
- 13 % consomment de l’alcool en excès ;
- 10 % vont développer des symptômes dépressifs après la naissance de leur enfant.
Ces données, combinées avec les données des mères, offrent une feuille de route pour des interventions familiales pendant la grossesse et après la naissance de l’enfant.
Cet outil mis en œuvre dans l’Illinois va être développé dans 3 autres États, le Massachusetts, l'Ohio et le Michigan.
« La paternité offre aux hommes une opportunité d'améliorer leur propre santé, et les pères en bonne santé sont plus susceptibles de participer à l'éducation des enfants, de soutenir les mères dans la parentalité et d'avoir des enfants en bonne santé », concluent les chercheurs.
Source : PLoS ONE Jan 21, 2022 DOI : 10.1371/journal.pone.0262366 Pregnancy Risk Assessment Monitoring System for Dads: A piloted randomized trial of public health surveillance of recent fathers’ behaviors before and after infant birth
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