Cette équipe de la Yale décrit ici, dans la revue Nature Communications, un cas d’infection COVID-19, résistant au remdesivir, chez un patient immunodéprimé. S’il s’agit bien d’un cas très particulier, cette étude de cas a le mérite d’alerter sur l’émergence de souches résistantes aux médicaments utilisés actuelmlement pour traiter les formes sévères de COVID-19 et l’intérêt de proposer des solutions pour limiter cette résistance aux médicaments. Ainsi, à l’issue de l’observation de ce cas, les chercheurs relèvent l’intérêt des thérapies combinées, qui limitent le risque de résistance, notamment en ciblant différentes parties du virus. C’est bien le principe des traitements actuels contre le VIH.
L’identification de cette variante résistante au remdesivir du SRAS-CoV-2, le virus qui cause le COVID-19, chez un patient immunodéprimé sonne néanmoins comme un signal d’alarme et soulève des inquiétudes quant à l’émergence de résistances plus nombreuses et plus fréquentes aux traitements du COVID-19, en particulier chez les patients immunodéprimés. En raison de leur immunodépression, ces patients peuvent dépendre uniquement de la thérapie pour éliminer le virus car elles n’ont plus de réponse immunitaire, explique l’auteur principal, le Dr Shiv Gandhi : « C’est pourquoi ces patients sont plus enclins à développer une résistance à cette thérapie, que ce soit à une petite molécule comme le remdesivir ou à une thérapie par anticorps ».
Opter plutôt pour des thérapies combinées chez les patients immunodéprimés
L’étude de cas concerne une patiente âgée de 70 ans, dont les symptômes se sont initialement améliorés avec le remdesivir, un médicament un médicament qui interfère avec la production de matériel génétique viral. Mais sa charge virale a ensuite rebondi au cours du traitement : l’enzyme de réplication du virus, nsp12, avait muté, ce qui le rendait résistant au remdesivir. Finalement, l’infection a pu être éliminée avec une thérapie combinée d’anticorps monoclonaux (casirivimab et imdevimab).
Surveiller la résistance en cas d’immunodépression : ces résultats mettent en évidence la nécessité de surveiller le développement de la résistance du SRAS-CoV-2 aux traitements antiviraux tels que le remdesivir. La résistance aux antiviraux est une préoccupation majeure, étant donné la vitesse à laquelle le virus mute, ajoute l’autre auteur principal, le Dr Albert Ko, professeur de santé publique et d’épidémiologie à l’Université Yale.
Si ce cas de résistance est à ce jour le seul documenté, il confirme que les patients immunodéprimés peuvent être une source majeure de nouvelles variations génétiques. Ces patients doivent donc être étroitement surveillés avant, pendant et après la thérapie pour ce risque de résistance, par séquençage de leur virus, afin d’identifier d’éventuelles nouvelles variantes du SRAS-CoV-2.
La thérapie combinée, qui s’est révélée efficace à limiter la résistance au traitement chez ce patient immunodéprimé, réduit le risque qu’un virus devienne résistant à une seule thérapie.
Source: Nature Communications 17, March, 2022 DOI : 10.1038/s41467-022-29104-y De novo emergence of a remdesivir resistance mutation during treatment of persistent SARS-CoV-2 infection in an immunocompromised patient: a case report
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