Tous les patients ne sont pas égaux, face au risque de maladie cardiaque et d’infarctus du myocarde. En identifiant les gènes les plus susceptibles de provoquer des crises cardiaques, cette équipe internationale ouvre la voie à un tout nouveau domaine de thérapies ciblées pour les personnes à risque de maladie coronarienne. Ces conclusions, publiées dans Circulation, la revue de l’American Heart association (AHA) illustrent les avancées, en cardiologie aussi, de la médecine de précision.
Les chercheurs, généticiens et cardiologues de nombreux instituts de recherche dont l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai (New York), du Victor Chang Cardiac Research Institute (Australie) ou encore de la Technische Universität München identifient ici les gènes les plus critiques qui causent les maladies coronariennes. L’auteur principal, le Dr Victor Chang, directeur exécutif du Victor Chang Cardiac Research Institute, annonce avec cette étude, 3 percées majeures, toutes d'une importance capitale dans la lutte contre les maladies cardiaques.
Des gènes critiques, par ordre de priorité, et leurs sites d’action identifiés
L’étude identifie en effet :
- avec plus de précision les gènes susceptibles de provoquer une maladie coronarienne ;
- où exactement dans le corps se situe l'effet principal de ces gènes ;
- l’ordre d’importance de ces gènes – 162 au total – dans le risque de maladie coronarienne associé.
De nombreux gènes identifiés n'avaient jamais été étudiés dans le contexte des crises cardiaques. Cette découverte ouvre un tout nouveau champ de recherche sur leur action respective.
L’étude est menée auprès de 600 patients atteints de maladie coronarienne et 150 témoins exempts de maladie coronarienne. Tous les participants ont subi une chirurgie à thorax ouvert pour un pontage coronarien ou pour d'autres raisons médicales. L'équipe a utilisé le superordinateur du mont Sinaï – appelé « Minerva » – pour rassembler et analyser les données de milliers de gènes. L’analyse a ainsi permis d’identifier ces 162 gènes impliqués dans le risque d’infarctus du myocarde.
Une nouvelle connaissance qui va permettre aux chercheurs puis aux cliniciens de cibler ces gènes vraiment critiques qui provoquent des crises cardiaques, et qui constituent « de nouvelles cibles médicamenteuses prometteuses ».
PHACTR1, un gène déjà « suspect » est confirmé comme critique dans le risque de crise cardiaque : l’étude confirme en effet que le gène PHACTR1 fait partie des 2 principaux gènes responsables des maladies coronariennes. Les scientifiques se concentrent actuellement sur PHACTR1 : le gène provoque non seulement des maladies coronariennes, mais également toute une gamme d'autres maladies vasculaires, notamment la migraine, la dysplasie fibromusculaire et une dissection spontanée des artères coronaires.
Vers une amélioration des tests génétiques : c’est l’autre implication majeure de l’étude, améliorer les tests génétiques actuels qui permettent de dépister les patients à risque élevé de maladie coronarienne. À l'heure actuelle, ces tests ne sont pas suffisamment précis. Ainsi, l’étude ouvre l’opportunité d’un diagnostic plus précis, au-delà d’une meilleure compréhension des causes des crises cardiaques.
Vers le développement de thérapies ciblées : enfin, ces nouvelles cibles génétiques et thérapeutiques vont certainement ouvrir la voie à de nouveaux traitements.
« En tant que cardiologue moi-même, c'est incroyablement excitant et cela pourrait éventuellement avoir un impact énorme sur la vie de mes patients », conclut l’auteur principal.
Source: Circulation 15 Feb, 2022 DOI : 10.1161/CIRCGEN.121.003365 Integrative Prioritization of Causal Genes for Coronary Artery Disease
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