Cette équipe de Louisville révèle comment certaines protéines buccales freinent la croissance virale et comment certaines bactéries du microbiome buccal, également responsables de la maladie parodontale, réduisent a contrario, la défense buccale et « apportent un coup de main » à la croissance virale. Ces travaux, présentés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine, apportent une meilleure compréhension de la manière dont les interférons offrent une large protection antivirale et activent les gènes antiviraux pour protéger les humains contre les virus.
La bouche, comme le nez, est une porte d'entrée dans le corps pour les virus qui infectent le tractus gastro-intestinal et les poumons tels que le SRAS-CoV-2 mais aussi le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), l'herpès simplex et les virus cancérigènes tels que le virus du papillome humain (HPV).
Des bactéries de la plaque buccale jouent un rôle clé dans la réponse antivirale
Des protéines buccales protectrices : l’équipe de l’Université de Louisville, menée par Juhi Bagaitkar et Richard Lamont, professeurs d'immunologie buccale et de maladies infectieuses décrypte la façon dont certaines protéines produites par les cellules épithéliales buccales protègent les humains contre les virus pénétrant dans le corps par la bouche. Ainsi, une famille de protéines connues sous le nom d'interféron lambdas, produites par les cellules épithéliales de la bouche, protège les humains contre les infections virales, mais, en revanche, certaines bactéries, dont la bactérie orale Porphyromonas gingivalis réduit leur production et leur efficacité.
La bactérie P. gingivalis compromet cette protection : ces bactéries buccales peuvent supprimer l'activité de ces cellules, ce qui augmente la vulnérabilité de l’hôte aux infections. La recherche décrypte comment ces espèces bactériennes pathogènes P. gingivalis, responsables des maladies parodontales, peuvent supprimer complètement la production d'interférons et augmenter considérablement la sensibilité aux infections virales.
P. gingivalis avait déjà été liée à de nombreuses autres maladies, notamment à la maladie d'Alzheimer et à la polyarthrite rhumatoïde. Des études cliniques récentes ont également montré que la suppression immunitaire chez les patients atteints de parodontite peut augmenter la sensibilité au VIH, à l'herpès simplex et au HPV. Ces bactéries résidentes de la plaque buccale jouent ainsi un rôle clé dans la régulation des réponses antivirales.
Cette compréhension de la manière dont les interférons offrent une large protection antivirale et activent les gènes antiviraux pour protéger l’hôte contre les virus, ainsi que le processus par lequel P. gingivalis compromet leur protection, ouvre la voie à de nouvelles approches cliniques permettant de préserver ou d’augmenter cette protection.
Source: Proceedings of the National Academy of Sciences 21 Dec, 2021 DOI: 10.1073/pnas.2105170118 Microbiome-mediated incapacitation of interferon lambda production in the oral mucosa
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