Cette équipe de la Florida Atlantic University a repris les dernières méta-analyses sur l’utilisation de l’aspirine, dans son indication de prévention, chez les personnes à risque, des événements cardiovasculaires dont les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux (AVC). Cette analyse des dernières données, publiée dans la revue Family Medicine and Community Health suggère aux professionnels de santé, « pour le plus grand bien du plus grand nombre de patients » et en prévention primaire de ces événements cardiovasculaires, de prendre des décisions personnalisées de prescription de l’aspirine, soit au cas par cas et en fonction du rapport bénéfice/risque et non de l'âge.
En d’autres termes, les auteurs remettent en question les limites posées par les directives récentes qui limitent l'utilisation de l'aspirine pour la prévention primaire des maladies cardiovasculaires aux patients de moins de 70 ans, et de plus récentes encore qui la limitent aux patients de moins de 60 ans.
Pourtant, les risques de crises cardiaques et d’AVC augmentent considérablement avec l'âge.
Les chercheurs décrivent une confusion considérable liée aux résultats contradictoires de 4 essais randomisés, publiés récemment, menés à grande échelle sur l'aspirine en prévention primaire chez des sujets à haut risque, dont
- 2 montrent des avantages significatifs de l'aspirine,
- mais les 2 autres, en raison peut-être d’une moins bonne observance et d’un suivi moins rigoureux n’identifient pas ces bénéfices.
Faut-il ou pas prescrire de l'aspirine pour la prévention primaire des crises cardiaques ou des accidents vasculaires cérébraux, et si oui, à qui ? Les auteurs reposent la question, au vu des dernières preuves de la littérature. Cette méta-analyse mise à jour, ajoute aux 6 essais majeurs antérieurs, les données de ces 4 essais randomisés plus récents. L’analyse réactualisée conclut que :
- l'aspirine permet une réduction statistiquement significative de 13% des maladies cardiovasculaires
avec des avantages similaires à des âges plus avancés.
Cette nouvelle analyse conclut ainsi à l’intérêt de prescrire de l'aspirine pour prévenir les maladies cardiovasculaires en fonction des avantages en termes de réduction du risque et non de l'âge. L’analyse rappele également que :
- tous les patients souffrant d'une crise cardiaque aiguë doivent recevoir rapidement puis régulièrement 325 milligrammes d'aspirine, et quotidiennement par la suite, afin de réduire le risque de décès et les risques ultérieurs de crise cardiaque et d’AVC ;
- les survivants à long terme de crises cardiaques ou d’AVC peuvent également recevoir une prescription d'aspirine à long terme, sauf s'il existe une contre-indication spécifique ;
- En prévention primaire, cependant, l'équilibre entre le bénéfice absolu, plus faible en général qu’en prévention secondaire, et les risques de l'aspirine, qui sont les mêmes qu'en prévention secondaire, nécessite une décision clinique personnalisée ;
- avec quelques cas « particuliers » : le syndrome métabolique, le surpoids et l'obésité, l'hypertension, l'hypercholestérolémie et la résistance à l'insuline, précurseur du diabète, affectent 30 à 40 % des adultes des pays riches de 40 ans et plus. Ces personnes présentent également un risque élevé de première crise cardiaque et de premier AVC qui peut approcher celui de patients ayant déjà subi un événement cardiovasculaire.
« Toute prescription d'un traitement à long terme par aspirine pour des patients apparemment en bonne santé doit être basée sur des résultats cliniques individuels et l’évaluation du bénéfice de réduction de la coagulation par rapport au risque absolu de saignement », conclut l’auteur principal, le Dr Sarah K. Wood, de la FAU Schmidt College of Medicine. L’auteur rappelle également :
«Avant toute utilisation à long terme de l'aspirine ou de tout médicament en vente libre, les patients doivent consulter leur médecin. »
Source: Family Medicine and Community Health 30 Dec, 2021 DOI: 10.1136/fmch-2021-001475 Primary care providers should prescribe aspirin to prevent cardiovascular disease based on benefit−risk ratio, not age
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