Cette équipe d’immunologistes de l’Université de Yale le déclare simplement : « le vaccin Sinovac utilisé dans une grande partie du monde n’est pas adapté à la variante Omicron ». Si ce vaccin n’est pas utilisé en Europe, cette absence d’immunité vaccinale contre Omicron pourrait avoir des conséquences pour les millions de personnes de 48 pays dans le monde qui ont reçu 2 injections de ce vaccin inactif fabriqué en Chine. Car selon l’étude publiée dans la revue Nature Medicine, cette double vaccination avec le vaccin Sinovac ne réduira pas, avec la circulation du nouveau variant dominant Omicron, les taux de transmission du COVID-19.
Omicron est un variant particulièrement difficile à combattre car il possède 36 mutations sur les protéines de pointe présentes à sa surface- et que le virus utilise pour pénétrer dans les cellules. Les vaccins à ARNm existants sont conçus pour déclencher une réponse anticorps lorsque les protéines de pointe sont reconnues.
Ce n’est pas le cas du vaccin Sinovac (vaccin inactivé) et « les vaccinations avec Sinovac à elles seules ne sont d’aucune utilité contre le variant Omicron », écrivent simplement les scientifiques dans leur communiqué. Leur analyse des sérums sanguins d’une centaine de personnes vaccinées avec Sinovac et infectées avec Omicron, n’identifie « aucun » anticorps neutralisant.
Aucun aucun anticorps neutralisant contre Omicron, après 2 doses de Sinovac
Précisément, l’équipe a analysé le sérum sanguin de 101 personnes de République dominicaine ayant suivi le schéma standard à 2 injections du vaccin Sinovac.
- Si les niveaux d’anticorps contre Omicron ont augmenté parmi ceux qui avaient également reçu une injection de rappel du vaccin à ARNm Pfizer-BioNTech, aucun anticorps neutralisant chez ceux n’a été identifié chez les participants n’ayant pas reçu ce rappel.
- La comparaison de ces échantillons avec des échantillons de sérum sanguin stockés à Yale, montre que même 2 injections de Sinovac + 1 rappel avec le vaccin à ARNm Pfizer-BioNTech n’induit des niveaux d’anticorps que similaires à ceux obtenus avec seulement 2 injections de vaccins à ARNm (et sans rappel) ;
- les auteurs rappellent que des études précédentes ont montré qu’au bout de quelques mois, le schéma à 2 doses avec un vaccin à ARNm -et donc sans rappel- n’offre qu’une protection limitée contre Omicron.
- Enfin, l’étude montre aussi que les personnes précédemment infectées par des souches précédentes du virus SARS-Cov-2 n’ont développé qu’une faible immunité naturelle contre Omicron.
Que peut-on en conclure ? Pris ensemble, ces résultats appellent, après 2 doses du vaccin Sinovac à effectuer un rappel ou booster, ou 3è dose avec un vaccin à ARNm. Ces données vont sans doute contribuer à mieux lutter contre la souche Omicron, qui a supplanté la souche Delta plus dangereuse mais moins transmissible, en tant que virus circulant le plus dominant dans une grande partie du monde.
« Le rappel supplémentaire – et peut-être même 2 injections ?– est clairement nécessaire dans les régions du monde où le vaccin Sinovac a été privilégié », écrit l’auteur principal, le Dr Akiko Iwasaki, professeur d’immunobiologie. L’auteur souligne, cependant, que le système immunitaire humain dispose encore d’autres armes qu’il peut utiliser contre le COVID-19, telles que les cellules T qui peuvent attaquer et tuer les cellules infectées et prévenir les maladies graves.
« Mais nous avons besoin d’anticorps pour prévenir l’infection et ralentir la transmission du virus ».
Source: Nature Medicine 20 Jan, 2022 DOI: 10.1038/s41591-022-01705-6 Neutralizing antibodies against the SARS-CoV-2 Delta and Omicron variants following heterologous CoronaVac plus BNT162b2 booster vaccination
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