Sans pouvoir discerner précisément les facteurs directs en cause, comme la mobilité, les interactions sociales, l'humidité ou la température ainsi que les comorbidités, cette étude italienne est la première à établir une solide association, somme toute logique entre l’exposition à la pollution de l’air et une augmentation du risque de COVID-19. L’étude, publiée dans la revue Occupational and Environmental Medicine conclut ainsi à une association dose-dépendante : une augmentation moyenne annuelle de 1 µg/m3 de microparticules en suspension s’avère liée à une augmentation de 5 % du taux d'infection.
Ainsi, la pollution de l'air peut être considérée comme un facteur, même indirect, du risque d'infection au COVID-19. En particulier, l’augmentation annuelle moyenne de 1 µg/m3 liée à une augmentation de 5 % du taux d'infection est ainsi associée 294 cas supplémentaires/100 000 personnes par an.
L'association pollution et infections virales
L’étude est menée dans une ville du nord de l'Italie, une région durement touchée par la pandémie à la fois en termes de cas et de décès. De nombreuses raisons ont été évoquées pour expliquer ces taux d’incidence élevés, dont les données démographiques et les stratégies locales mises en œuvre. Un regard plus large sur la région européenne révèle néanmoins qu’une grande partie des 3,9 millions d'Européens résidant dans des zones où la pollution de l'air dépasse les limites européennes vivent dans le nord de l'Italie.
Pollution et COVID-19 : il a été suggéré par de précédentes études citées par les chercheurs, que la pollution atmosphérique est facteur de risque d'infection au COVID-19, cependant, jusque-là, les données restaient insuffisantes pour conclure. Cette nouvelle étude a donc examiné l'exposition à long terme aux polluants atmosphériques et les schémas d'infection au COVID-19 du début de la pandémie à mars 2021 parmi les habitants de Varèse, la huitième plus grande ville de Lombardie. Les chercheurs sont parvenus à affecter à 97% des 81.543 résidents, des niveaux d'exposition annuels moyens de 2018 pour les principaux polluants atmosphériques, en fonction de l'adresse du domicile. Des données régionales sur l'infection au COVID-19, les hospitalisations et les prescriptions de médicaments en ambulatoire ont été recueillies pour 62.848 adultes non encore infectés par le SRAS-CoV-2. Seulement 3,5% de la population de l'ensemble de la région étaient complètement vaccinés fin mars 2021. Enfin, les estimations des niveaux moyens annuels et saisonniers de 5 polluants atmosphériques (particules (PM2,5, PM10) ; dioxyde d'azote (NO2); oxyde nitrique (NO); ozone (O3))
- 4.408 nouveaux cas de COVID-19 ont été enregistrés entre le 25 février 2020 et le 13 mars 2021- soit un taux de 6.005 cas/100.000 habitants/an ;
- la densité de population n'apparaît pas associée à un risque accru d'infection ;
- vivre dans une maison de retraite est associé à un risque d'infection plus de 10 fois plus élevé ;
- suivre un traitement médicamenteux du diabète, de l'hypertension artérielle ou pour une maladie obstructive des voies respiratoires (MPOC), avoir des antécédents d'accident vasculaire cérébral (AVC) sont des facteurs respectivement associés à un risque accru de 17 %, 12 %, 17 % et 29 % de COVID-19 ;
- après prise en compte de l'âge, du sexe, de l’éventuelle résidence en EHPAD et des comorbidités, l’exposition aux particules PM2,5 et les PM10 s’avère significativement associée à une augmentation du taux de COVID-19 ;
- chaque augmentation de 1 µg/m3 de l'exposition à long terme aux PM2,5 est associée à une augmentation de 5 % du nombre de nouveaux cas d'infection au COVID-19 ;
- la prise en compte de moyennes d’exposition saisonnières plutôt qu'annuelles donne des résultats similaires ;
- des associations similaires sont observées pour les PM10, le NO2 et le NO.
les associations observées sont encore plus marquées parmi les groupes d'âge plus âgés,
indiquant un effet plus fort des polluants sur le taux d'infection au COVID-19 chez les 55-64 et 65-74 ans.
« Une voie » entre l'exposition à la pollution et l'incidence du COVID-19: il s'agit d'une étude observationnelle qui ne démontre donc pas de relation de cause à effet. La pollution pourrait en effet être associée à d’autres facteurs directs d’infection, dont la mobilité, les interactions sociales, l'humidité, la température et certaines maladies. L'exposition à long terme à la pollution de l'air augmente en effet le risque de maladies respiratoires et cardiovasculaires en raison d'une inflammation persistante et compromet l’immunité. Ces mêmes voies pourraient donc être impliquées dans le lien entre la pollution de l'air et les taux d'infection au COVID-19.
Cependant, l’étude révèle bien « une voie » entre l'exposition à long terme à la pollution atmosphérique et l'incidence du COVID-19, avec des implications pour les personnes les vulnérables. Enfin, réduire l’incidence des infections virales passe aussi par des efforts visant à réduire la pollution atmosphérique, concluent les chercheurs.
Source: Occupational and Environmental Medicine 10 Jan, 2022 DOI: 10.1136/oemed-2021-107833 Long-term exposure to air pollution and COVID-19 incidence: a prospective study of residents in the city of Varese, Northern Italy
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