« Omicron is now the most complete “escapee” from neutralization », écrivent ces scientifiques de l'Université Columbia. Si de récentes données suggèrent qu’Omicron est un variant moins virulent, cette étude de virologues et d’immunologistes newyorkais ajoute de nouvelles preuves de sa capacité d’échappement immunitaire. Ces travaux, présentés dans la revue Nature, suggèrent en effet que les personnes précédemment infectées et les sujets complètement vaccinés restent à risque d'infection par la variante Omicron, et que le variant est somme toute résistant à tous les anticorps utilisés en clinique aujourd'hui.
Les chercheurs du Columbia University Irving Medical Center, en collaboration avec des collègues de l'Université de Hong Kong, confirment ainsi la capacité d’échappement immunitaire d’Omicron, à la fois face aux vaccins et à l'infection naturelle. Ces résultats sensibilisent à la nécessité de nouveaux vaccins et traitements qui anticipent même l’évolution possible -et continue- du virus.
Le Dr David Ho, MD, auteur principal et directeur du Aaron Diamond AIDS Research Center rappelle qu’une caractéristique frappante de la variante Omicron est le nombre « alarmant » de changements dans la protéine de pointe du virus qui constituent une menace pour l'efficacité des vaccins et des anticorps thérapeutiques actuels. Ainsi, le variant Omicron partage quelques mutations communes avec les variants Beta et Delta, il possède également 22 substitutions supplémentaires (insertions et délétions) qui lui sont spécifiques, en l’état des connaissances actuelles.
Les anticorps, naturels et vaccinaux, moins efficaces contre Omicron
Les chercheurs testent ici la capacité des anticorps générés par la vaccination à neutraliser Omicron dans des tests de laboratoire, à la fois en opposant des anticorps à des pseudovirus imitant Omicron et à des virus vivants. Les anticorps provenaient de patients doublement vaccinés avec l'un des 4 vaccins les plus largement utilisés (Moderna, Pfizer, AstraZeneca, Johnson & Johnson). L’expérience montre que :
- les anticorps générés par ces personnes vaccinées sont significativement moins efficaces à neutraliser Omicron vs la souche originale ;
- c’est le même constat avec des anticorps de personnes précédemment infectées : ces anticorps sont encore moins susceptibles de neutraliser Omicron ;
- les personnes ayant reçu une injection de rappel de l'un des deux vaccins à ARNm sont susceptibles d'être mieux protégées, même si leurs anticorps présentent tout de même une activité neutralisante réduite contre Omicron.
« Ces nouvelles données suggèrent que les immunités vaccinale et naturelle montées contre les souches originales, sont moins efficaces contre le variant Omicron et donc que les personnes vaccinées ou précédemment infectées restent à risque d'infection » explique le Dr Ho.
« Même une 3è injection peut ne pas protéger complètement contre l'infection à Omicron,
mais ce rappel reste conseillé car il confère une certaine immunité ».
Ces données sont en ligne avec les conclusions de récentes études de neutralisation, ainsi qu'avec les premières données épidémiologiques d'Afrique du Sud et du Royaume-Uni, qui confirment que l'efficacité de 2 doses des vaccins contre la maladie symptomatique est considérablement réduite contre Omicron.
« La plupart des anticorps monoclonaux sont incapables de neutraliser Omicron » : administrés tôt au cours de l'infection, les anticorps monoclonaux peuvent empêcher de nombreux patients de développer un COVID sévère. Cette étude suggère que toutes les thérapies actuellement utilisées et la plupart en développement seraient beaucoup moins efficaces contre Omicron,
à supposer qu’elles fonctionnent ».
Dans les études de neutralisation menées avec des anticorps monoclonaux, un seul en effet (Brii198 approuvé en Chine) présente une activité significative contre Omicron. Une forme marginale d'Omicron est d’ailleurs complètement résistante à tous les anticorps utilisés en clinique aujourd'hui, soulignent les chercheurs.
Omicron est « l’échappé » le plus complet que les scientifiques aient étudié à ce jour.
D’autant que l’équipe de Columbia identifie 4 nouvelles mutations de pointe qui favorisent encore cet échappement immunitaire.
Il s’agit maintenant « d’anticiper l'évolution du virus », car il n'est pas exagéré de penser que le SRAS-CoV-2 n'est plus qu'à 1 ou 2 mutations près d'être complètement résistant aux anticorps actuels, que ce soit les anticorps monoclonaux utilisés comme thérapies ou les anticorps générés par la vaccination ou l'infection par les variantes précédentes.
Source: Nature 23 Dec, 2021 DOI: 10.1038/d41586-021-03824-5 Omicron extensively but incompletely escapes Pfizer BNT162b2 neutralization
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