Les céramides, ces molécules constituant certains lipides complexes, négligées par les études, pourraient, tout autant que leur « cousin » cholestérol, jouer un rôle clé ans le développement des maladies cardiométaboliques. Cette équipe de biologistes de l’Université de l’Utah souhaite sensibiliser aussi aux niveaux de ces lipides et son examen plaide ainsi en faveur d'une thérapeutique pour traiter aussi l'excès de céramides. Ces nouvelles données, publiées dans la revue Trends in Pharmacological Sciences, suggèrent en effet que les thérapies ciblant les céramides pourraient présenter un potentiel conséquent pour le traitement des maladies cardiométaboliques.
Il s’agit ici d’un article de synthèse qui rapporte les preuves soutenant la relation forte entre les niveaux de céramides et toute une gamme de maladies humaines. « Réaliser le potentiel des thérapies ciblant les céramides nécessitera de nombreuses recherches encore », précise l’auteur principal, le chercheur Scott Summers de l’University of Utah College of Health. « Notre espoir avec cet examen de la littérature scientifique était de comparer le corpus disponible sur les céramides avec celui portant sur le cholestérol afin de souligner les lacunes critiques et les questions émergentes dans le domaine des céramides. »
Les statines, l'une des classes de médicaments les plus largement prescrites,
inhibent la synthèse du cholestérol lipidique pour prévenir les maladies coronariennes. Or il se trouve que les statines réduisent également les taux sanguins d'autres lipides tels que les céramides. Alors que les bénéfices documentés des statines portent sur toute une variété de maladies cardio-métaboliques, «il devient de plus en plus clair que les céramides sont liés aussi à un large éventail de problèmes de santé ».
Les études chez l'Homme rapportent ainsi que :
- les céramides sont des biomarqueurs autonomes des maladies cardiovasculaires, indépendants du cholestérol ;
- les céramides sont des prédicteurs puissants des événements cardiovasculaires indésirables majeurs, dont les décès dus à une maladie coronarienne et au syndrome coronarien aigu ;
- contrairement au cholestérol, les céramides sont liés à des conditions métaboliques telles que la résistance à l'insuline et le diabète chez l'Homme. Les céramides sanguins sont d’ailleurs parfois mesurés en clinique pour évaluer le risque de maladie.
Chez l’animal, les preuves ont été apportées d'une relation causale et les études ont même révélé des mécanismes de maladie possibles :
- la diminution des céramides via des interventions génétiques ou pharmacologiques a permis de prévenir la maladie cardiovasculaire et le diabète chez l’animal ;
- les céramides peuvent entraîner une augmentation du stockage des graisses, une diminution de l'utilisation du glucose et une diminution de l'efficacité mitochondriale, caractéristiques du syndrome métabolique ; cela a été démontré chez l’animal ;
- « Les céramides peuvent s'avérer aussi délétères que le cholestérol, car ils provoquent un spectre de défauts tissulaires et déclenchent finalement la mort cellulaire », écrivent les auteurs dans leur communiqué.
De nombreuses questions demeurent : ainsi, on manque de données pour étayer des recommandations cliniques spécifiques en cas de scores de céramides élevés. Des recherches supplémentaires sont également nécessaires pour comprendre les anomalies génétiques qui peuvent entraîner des niveaux élevés de céramides. Idem sur les mécanismes sous-jacents, on ignore comment les céramides endommagent les cellules et les tissus. Répondre à ces questions pourra certainement donner lieu à de nouvelles approches thérapeutiques contre les maladies cardiométaboliques.
Cet examen marque ainsi une première étape essentielle et sensibilise au rôle jusque-là négligé de ces lipides complexes.
Source: Trends in Pharmacological Sciences November 05, 2021 DOI: 10.1016/j.tips.2021.10.001 Cholesterol – the devil you know; ceramide – the devil you don’t
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