Aujourd’hui, une très grande partie des femmes nées avec des malformations cardiaques peuvent devenir enceintes et accoucher en toute sécurité, conclut cette analyse, menée à l’échelle nationale allemande et publiée dans l’European Heart Journal. Ces travaux mettent également en exergue l’importance de soins médicaux et de conseils spécialisés pour ce groupe de jeunes femmes, atteintes d’une cardiopathie congénitale.
Au cours des dernières décennies, les progrès de la chirurgie cardiaque ont permis que davantage de bébés filles nés avec une cardiopathie congénitale puissent survivre et atteignent l’âge de procréer mais, jusqu’à cette étude, les risques pour les femmes atteintes de cardiopathie associés à la grossesse n’ont pas été précisés. Les médecins ont très longtemps déconseillé à ces femmes de tenter une grossesse en raison des risques de complications et de décès.
Bien que mettant en avant les progrès considérables accomplis en santé maternelle et infantile, cette nouvelle étude illustre aussi et toujours un risque significativement accru de complications maternelles et néonatales ainsi qu’un risque significativement accru de récurrence de cardiopathie congénitale chez les enfants de mères atteintes de cardiopathie congénitale.
Cependant, la plupart des femmes nées avec des malformations cardiaques peuvent tomber enceintes en toute sécurité
C’est le message principal de cette large analyse. Ces femmes donneront ensuite naissance à des bébés en bonne santé avec peu ou des problèmes mineurs, si elles bénéficient bien d’un suivi et de conseils de médecins spécialistes, cardiologues notamment.
L’étude de 7.512 grossesses chez 4.015 femmes atteintes de coronaropathie montre qu’en effet,
- aucune participante n’est décédée, mais révèle néanmoins une incidence plus élevée de complications de santé pour ces mères et leurs bébés vs un groupe témoin de 6.502 femmes en bonne santé ayant vécu un total de 11.225 grossesses ;
- il existe donc un risque faible mais significativement accru de mortinatalité ou de décès du nourrisson au cours du premier mois de vie, parmi les bébés nés de mères ayant une maladie coronarienne, et ces enfants présentent un risque 6 fois plus élevé de maladie coronarienne que les enfants des participantes témoins en bonne santé ;
précisément,
- aucune participante avec cardiopathie n’est décédée pendant sa grossesse et au cours des 90 jours suivant l’accouchement ; une participante dans le groupe témoin est décédée ;
- les participantes atteintes d’une cardiopathie congénitale encourent cependant un taux significativement plus élevé d’AVC (1,13 % vs 0,17%), d’insuffisance cardiaque (0,84 % vs 0,03 %) et de problèmes de d’arythmie cardiaque (0,82 % vs 0,12 %) ;
- les accouchements par césarienne sont également plus fréquents chez les patientes coronariennes : 40,5 % contre 31,5 %.
- parmi les bébés nés de mères avec cardiopathie coronarienne, le risque mortinatalité est accru (1,4 % contre 0,4 %), comme celui de décès au cours du premier mois de vie (0,83 % contre 0,22 %), de poids de naissance faible et extrêmement faible, de naissance prématurée, de mise sous ventilation mécanique, d’anomalies visibles majeures, de syndrome de Down (trisomie 21) ou d’autres syndromes génétiques ;
- enfin, 18 % des bébés nés de mères atteintes de maladie coronarienne présentent eux-aussi la maladie vs 3 % des bébés de mères exemptes maladie coronarienne ;
- 6 % des bébés nés de mères atteintes de maladie coronarienne ont également besoin d’une chirurgie cardiaque (vs 0,4%).
Quels facteurs maternels de complications chez l’enfant ? La complexité de la malformation cardiaque maternelle, l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque, le traitement anticoagulant avec des antagonistes de la vitamine K au cours de l’année précédant la grossesse et un traitement de fertilité constituent tous des prédicteurs significatifs de problèmes médicaux chez le nouveau-né.
Cependant, on retiendra qu’aujourd’hui, à condition d’être très bien suivies, de nombreuses femmes nées avec une malformation cardiaque congénitale sont capables de vivre une grossesse « normale » et réussie et d’accoucher en toute sécurité.
Les chercheurs saluent ces conclusions, car il y a seulement quelques décennies, de nombreuses femmes n’auraient même pas elles-mêmes atteint l’âge adulte. Et aujourd’hui, ces femmes peuvent donner naissance à des enfants en bonne santé, relève l’auteur principal, le Dr Astrid Lammers, cardiologue et consultante en cardiologie pédiatrique, actuellement clinicienne dans le service de prise en charge des coronaropathies de l’hôpital universitaire de Munich.
Grâce à des techniques néonatales de pointe et un soutien particulier apporté à ces patientes, la majorité de ces problèmes peuvent aujourd’hui être surmontés. Cependant, la plupart du temps, avec une intervention chirurgicale et une hospitalisation prolongée.
Source: European Heart Journal 13 Oct, 2021 DOI: 10.1093/eurheartj/ehab571 Maternal and neonatal complications in women with congenital heart disease: a nationwide analysis
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