Cette équipe du CNIO (Centro Nacional de Investigaciones Oncológicas) vient de découvrir le principal gène régulateur du cancer du cerveau ayant le pire pronostic, une forme de glioblastome. « C’est un grand pas en avant dans la recherche de thérapies pour ce type de cancer à si mauvais pronostic », écrivent les chercheurs madrilènes. Ces travaux, publiés dans la revue eLife, qui révèlent une caractéristique clé de la biologie du glioblastome mésenchymateux, pourraient en effet se traduire par un nouveau traitement à moyen terme, basé sur l’édition de gènes.
Le glioblastome est la tumeur maligne du cerveau et du système nerveux central (SNC) la plus courante et la plus mortelle. Il peut être classifié en plusieurs sous-types selon les caractéristiques moléculaires. Ces sous-types, cependant, ont tendance à évoluer de l’un à l’autre. Le glioblastome mésenchymateux est le sous-type de cancer du cerveau ayant le plus mauvais pronostic et la transition mésenchymateuse est le changement le plus fréquent. Cette transition est de plus caractérisée par une résistance au traitement. Les scientifiques essaient depuis longtemps de comprendre comment se produit la transition mésenchymateuse.
L’équipe de cancérologues espagnols avec des collègues de la Faculté de médecine de l’Université de Fribourg (Allemagne) identifient ici une sorte de commutateur génétique général de cette transition mésenchymateuse, qui mène à ce sous-type mésenchymateux du glioblastome.
Découverte de FOSL1, un gène jusque-là non lié aux tumeurs cérébrales
Le Dr Massimo Squatrito, l’un des auteurs principaux, responsable du Seve-Ballesteros Foundation Brain Tumor Group, précise qu’il s’agit d’une pièce du puzzle que les équipes de recherche tentent d’identifier depuis assez longtemps. Un autre gène, NF1, était déjà connu pour jouer un rôle clé dans le glioblastome mésenchymateux, mais son mécanisme restait inconnu. La découverte du rôle clé de FOSL1 comme «chaînon manquant» entre NF1 et l’activation du programme génétique impliqué dans le glioblastome mésenchymateux constitue une étape remarquable dans la compréhension de la maladie.
Le développement tumoral est ralenti en l’absence de FOSL1, montre l’équipe, sur la souris. Même lorsque ces souris modèles portent des mutations dans NF1. Ainsi, les cellules tumorigènes ayant des capacités d’auto-renouvellement même après résection tumorale, ne peuvent pas régénérer de tumeurs chez les souris dépourvues de FOSL1.
« L’absence de FOSL1 induit une réduction des propriétés des cellules souches tumorales et des capacités tumorigènes chez les animaux. Nos données montrent que FOSL1 contrôle la plasticité et l’agressivité du glioblastome mésenchymateux (…) », écrivent les scientifiques.
FOSL1 joue donc un rôle fondamental, celui de régulateur clé de la plasticité du glioblastome et de la transition mésenchymateuse et pourrait donc constituer une cible très prometteuse pour contrer le développement de ces tumeurs. La prochaine étape va bien consister à « rechercher un moyen de bloquer ce gène ».
Inhiber l’activité d’un facteur de transcription en tant qu’intervention thérapeutique est un objectif assez difficile, cependant, il existe maintenant des approches prometteuses, y compris les techniques d’édition de gènes comme CRISPR, qui pourraient aider à avancer dans cette direction.
Source: eLife 16-Aug-2021 DOI: 10.7554/eLife.64846 NF1 regulates mesenchymal glioblastoma plasticity and aggressiveness through the AP-1 transcription factor FOSL1
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