La pandémie de COVID-19 a entraîné la plus forte baisse d’espérance de vie depuis la Seconde Guerre mondiale, conclut cette recherche menée à l’Université d’Oxford par des scientifiques d'Oxford et précisément du Leverhulme Centre for Demographic Science. Cette analyse, publiée dans l’International Journal of Epidemiology, conclut ainsi que que les femmes de 15 pays et les hommes de 10 pays ont en 2020 une espérance de vie à la naissance plus faible qu'en 2015, une année au cours de laquelle l'espérance de vie était déjà affectée négativement par une saison grippale sévère.
L'espérance de vie fait précisément référence à l'âge moyen auquel un nouveau-né vit si les taux de mortalité actuels se maintiennent toute sa vie. Elle ne prédit pas une durée de vie réelle mais apporte un instantané de la mortalité actuelles et permet une comparaison de l'ampleur des impacts de la pandémie sur la mortalité entre différents pays et populations.
L'équipe de recherche a rassemblé un ensemble de données sans précédent sur la mortalité dans 29 pays, couvrant la majeure partie de l'Europe, des États-Unis et du Chili, soit l’ensemble des pays pour lesquels les enregistrements officiels des décès pour 2020 avaient été publiés. L’auteur principal, le Dr José Manuel Aburto, précise que « pour les pays d'Europe occidentale tels que l'Espagne, l'Angleterre et le Pays de Galles, l'Italie, la Belgique, entre autres, la dernière fois que des baisses aussi importantes d’espérance de vie à la naissance ont été observées au cours d’une seule année, « c’était pendant la Seconde Guerre mondiale ».
L'ampleur de la perte d'espérance de vie est frappante dans la plupart des pays étudiés
- 22 pays ont connu des pertes plus importantes qu'une demi-année en 2020 ;
- les femmes de 8 pays et les hommes de 11 pays ont subi des pertes d’espérance de vie supérieures à un année ;
- il avait fallu en moyenne 5,6 ans à ces pays pour atteindre une augmentation d'1 an de l'espérance de vie :
- ces progrès ont été anéantis au cours d’une seule année de pandémie.
- dans la plupart des 29 pays, les hommes ont connu des baisses d'espérance de vie plus importantes que les femmes ;
- la plupart des réductions d'espérance de vie dans les différents pays sont bien attribuables aux décès officiels dus au COVID-19 ;
- les baisses les plus importantes de l'espérance de vie ont été observées chez les hommes aux États-Unis, qui ont enregistré une baisse de 2,2 ans par rapport aux niveaux de 2019, suivis des hommes lituaniens (1,7 an).
Les chercheurs expliquent ainsi ces résultats : « les fortes baisses d’espérance de vie observées aux États-Unis peuvent s'expliquer en partie par l'augmentation notable de la mortalité des personnes en âge de travailler observée en 2020. Aux États-Unis, l'augmentation de la mortalité des moins de 60 ans a contribué le plus significativement à la baisse de l'espérance de vie, alors que dans la plupart des pays d'Europe, ce sont les augmentations de la mortalité au-dessus de 60 ans qui ont contribué de manière plus significative ».
Le Dr Ridhi Kashyap, co-auteur principal de l’étude, ajoute : « nos résultats mettent en évidence un impact considérable du COVID-19 sur la mortalité. Un choc dévastateur pour de nombreux pays et la plupart des groupes de population ».
L’équipe appelle à un accès élargi aux données d'un plus large éventail de pays, y compris les pays à revenu faible et intermédiaire, afin de mieux comprendre les impacts de la pandémie à l'échelle mondiale.
Source: International Journal of Epidemiology 27, Sept 2021 DOI : 10.1093/ije/dyab207 Quantifying impacts of the COVID-19 pandemic through life expectancy losses: a population-level study of 29 countries
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