Edition du génome ou greffe de cellules souches reprogrammées ? Plusieurs pistes sont actuellement poursuivies pour traiter les dystrophies musculaires. Cette nouvelle étude d’une équipe polonaise confirme ici, dans la revue Stem CellsTranslational Medicine (SCTM), l’efficacité d’un traitement par cellules souches à atténuer les symptômes de la dystrophie musculaire.
Les dystrophies musculaires englobent tout un groupe de maladies musculaires causées par des mutations dans les gènes qui entraînent une fonte et une faiblesse musculaires progressives et parfois la mort par insuffisance respiratoire ou cardiomyopathie. Il existe ainsi de nombreux types de dystrophie musculaire, chacun affectant des groupes musculaires spécifiques, avec des signes et des symptômes apparaissant à différents âges et de sévérité variable.
Bien que plus de 30 gènes aient déjà été documentés comme impliqués dans leur pathogenèse, une mutation similaire dans le même gène peut provoquer différents phénotypes et des gènes distincts peuvent être responsables d'un même phénotype. Cette hétérogénéité des dystrophies musculaires les rend très complexes à traiter.
Des options actuelles limitées, un grand besoin de nouveaux traitements
Les options actuelles comprennent les soins de soutien et les médicaments. Bien que les stéroïdes soient l'étalon-or en pharmacothérapie, ils induisent des effets secondaires importants, dont la prise de poids, un retard de la puberté, des troubles du comportement et un risque accru de fractures osseuses.
Les cellules souches, une piste thérapeutique majeure : l’auteur principal, le Dr Beata Świątkowska-Flis, neurologue, chef de service au Polish Center of Cell Therapy and Immunotherapy de Częstochowa (Pologne) et son équipe testent un traitement par cellules souches mésenchymateuses (CSM) dérivées de la gelée de Wharton (WJ), une substance trouvée dans le cordon ombilical chez des patients atteints de dystrophie musculaire. Ces tests, menés chez 22 personnes atteintes de différents types de dystrophies musculaires, âgées en moyenne de 33 ans ont consisté à administrer à chaque participant 1 à 5 injections intraveineuses et/ou intrathécales par cycle de traitement et sur jusqu'à 2 cycles tous les 2 mois. La force musculaire a régulièrement été évaluée avant, pendant et après la greffe. L’essai montre, dans l'ensemble du groupe,
- une amélioration significative de plusieurs muscles du corps, notamment des membres, des hanches, des coudes et des épaules ;
- un des participants a même réussi à remarcher sans béquille, a arrêté la rééducation et a repris son travail.
Ces travaux confirment ainsi que la greffe de WJ-CSM permet une amélioration significative de plusieurs muscles du corps chez la plupart des patients de l’étude, et sans effets secondaires sévères : « L'administration de WJ-CSM dans les indications neurologiques est controversée, néanmoins nous montrons que c’est une option de traitement expérimentale raisonnable, à condition de bien affiner les critères d'éligibilité ».
Si les cellules souches ne résolvent pas les conditions génétiques sous-jacentes, leurs propriétés thérapeutiques permettent de réduire considérablement les effets des mutations. Des résultats décrits comme « impressionnants » qui, s’ils doivent être validés chez un plus grand nombre de patients, confirment le potentiel des thérapies par cellules souches pour les dystrophies musculaires.
De nombreuses variables restent néanmoins à préciser, comme la durabilité de l'effet thérapeutique ; la fréquence nécessaire des cycles de traitement ; quel schéma de traitement sur une longue période de temps ; quelle synergie avec les médicaments pharmacologiques et/ou la rééducation.
Source: Stem CellsTranslational Medicine (SCTM) 27 July 2021 DOI: 10.1002/sctm.21-0027 The use of umbilical cord-derived mesenchymal stem cells in patients with muscular dystrophies: results from compassionate use in real-life settings
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