C’est un nouvel espoir pour les patients souffrant de dépression et d'anxiété que l’identification de ce lien significatif entre la dépression, les troubles anxieux et la maladie thyroïdienne chronique. En découvrant ce lien, l’équipe de l’Université d'Erlangen-Nuremberg (Allemagne)montre également, dans le JAMA Psychiatry, qu'un traitement spécifique peut aider de nombreux patients, en particulier les femmes.
La thyroïdite auto-immune est une affection thyroïdienne chronique qui touche environ 10% de la population, généralement aux âges de 30 à 50 ans, et les femmes étant beaucoup plus souvent touchées que les hommes. 10%, c’est également la prévalence approximative de la dépression et des troubles anxieux en population générale. La thyroïdite auto-immune entraîne une inflammation durable de la glande thyroïde, cependant, en particulier chez les femmes ménopausées, il est facile de manquer l'inflammation de la glande thyroïde, ou de la diagnostiquer comme un symptôme de la ménopause. Or les hormones de la thyroïde influencent le métabolisme et l'équilibre énergétique cellulaire ainsi que les niveaux d'énergie perçus et la psyché. Ainsi, il est connu que la thyroïdite auto-immune puisse conduire à des symptômes mentaux spécifiques, y compris à une tension intérieure et à l'épuisement.
En collaboration avec des scientifiques de la clinique psychiatrique de l'Université de Bonn, l’équipe de l'Université Friedrich-Alexander d'Erlangen-Nürnberg identifie un lien fort entre la dépression et les troubles anxieux et la thyroïdite auto-immune. Le Dr Teja Wolfgang Grömer, psychiatre et co-auteur explique qu’en tant que clinicienne, elle a été consultée par plusieurs centaines de personnes souffrant de dépression et d'anxiété et qu’elle avait remarqué ce lien marqué entre ces deux conditions et la thyroïdite auto-immune, en particulier chez les patients souffrant des troubles mentaux. C’est ainsi qu’elle a décidé d'étudier, avec son équipe, la question plus en détail. C’est aujourd’hui une méta-analyse de 21 études indépendantes portant sur un total de 36.174 participants, dont 35.168 atteints de dépression et 34.094 souffrant d'anxiété.
Un soulagement avec le diagnostic initial de thyroïdite auto-immune : la plupart des patients ressentent un certain soulagement après avoir reçu le diagnostic de thyroïdite, car très souvent ils n'ont reçu auparavant aucune explication de leurs symptômes. Ainsi, l’analyse des données d’études sélectionnées montre que :
- les patients atteints de thyroïdite auto-immune sont 3,5 fois plus susceptibles de souffrir de dépression, 2,3 fois plus susceptibles de souffrir d'anxiété.
- Au global, les patients atteints thyroïdite auto-immune représenteraient plus de 40% de tous les cas de dépression et 30% de tous les cas d'anxiété.
Reconnaître la maladie et le lien : l’analyse apporte également aux médecins une description basée sur une recherche approfondie de la littérature et donc les symptômes permettant de reconnaître le lien, de prescrire un traitement spécifique, soit des antidépresseurs qui n'affectent pas le poids des patients et l'oligoélément sélénium à un stade précoce. Il s’agit également de s'assurer que les patients sont bien informés.
En conclusion les auteurs recommandent donc « le dépistage » de tous les patients diagnostiqués avec la dépression et l'anxiété.
Source: JAMA Psychiatry May 2, 2018. doi:10.1001/jamapsychiatry.2018.0190 Association of Depression and Anxiety Disorders With Autoimmune Thyroiditis- A Systematic Review and Meta-analysis
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