Nous sommes toujours, avec cette étude, dans le domaine des biopsies liquides, avec la perspective d’un test sanguin qui, en détectant de minuscules quantités d'ADN cancéreux circulant, permet d'identifier la maladie résiduelle après l'intervention chirurgicale, et donc le risque de récidive du cancer de la vessie. Un test qui va guider le clinicien vers un traitement de précision. Ces travaux d’une équipe de l’Université Queen Mary de Londres, publiés dans la revue Nature, préconisent déjà pour certains patients atteints d'un cancer urothélial spécifique, une immunothérapie ciblée.
Peu d’études traitent du cancer de la vessie qui touche cependant près de 600.000 personnes dans le monde et entraîne plus de 210.000 décès chaque année. La chirurgie est le traitement standard du cancer de la vessie avancé, une fois qu’il s'est développé dans la couche musculaire de la paroi de la vessie. Cependant, les taux de rechute après la chirurgie sont élevés en raison de la rémanence de certaines cellules cancéreuses après la résection de la tumeur. Ces cellules cancéreuses restantes qui constituent « la maladie résiduelle », accroissent le risque de rechute, de propagation à d’autres sites et de métastases.
Orienter le clinicien lors de choix thérapeutiques complexes
Cette étude, menée par le Dr Tom Powles de l'Université Queen Mary de Londres documente un test sanguin capable de détecter de minuscules quantités d'ADN tumoral en circulation (ADNct). L'équipe constate que les patients dont les tests sanguins sont positifs pour l'ADNc après la chirurgie présentent un risque plus élevé de récidive du cancer que ceux qui sont négatifs. Le test permet donc également d’orienter le clinicien dans ses choix thérapeutiques. Selon les scientifiques, il pourrait changer la donne dans la prise en charge de ce cancer, après une intervention chirurgicale. Ainsi,
- les patients atteints d'un cancer urothélial présentant un marqueur ADN sanguin particulier après la chirurgie présentent un risque plus élevé de rechute ;
- ces mêmes patients, donc à plus mauvais pronostic, pourraient bénéficier d'un traitement par immunothérapie (atezolizumab) ;
- chez ces patients, le traitement par l'atezolizumab a significativement amélioré la survie sans progression (5,9 mois vs 4,4 mois pour une surveillance standard) et la survie globale (25,8 mois vs 15,8 mois).
- En revanche, le traitement par l'atezolizumab chez les patients négatifs pour l'ADNct ne fait aucune différence.
Ainsi, l’ADN tumoral circulant est un marqueur fiable de la maladie résiduelle et, dans ce type de cancer, de la réponse à l'atezolizumab. La mesure de l'ADNct apportée par le test apparaît d’ailleurs plus précise que la radiologie traditionnelle à prédire la rechute de la maladie. Le test va donc sans doute modifier les protocoles de soins post-chirurgie du cancer et, avec son adaptation -possible- aux différents types de tumeurs, ce test d’ADN circulant pourrait changer la pratique clinique en oncologie.
Aujourd’hui en effet, il reste difficile d’identifier les patients porteurs d'une maladie résiduelle de ceux qui sont totalement guéris. La conséquence est le surtraitement de trop nombreux patients pourtant guéris, inutilement exposés à la toxicité de médicaments supplémentaires alors que d'autres patients peuvent ne pas recevoir le traitement complémentaire dont ils auraient pourtant besoin.
PS : L’étude a été soutenue par F. Hoffmann-La Roche Ltd./Genentech, Inc.
Source: Nature 16 June 2021 DOI: 10.1038/s41586-021-03642-9 ctDNA guiding adjuvant immunotherapy in urothelial carcinoma
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