On pouvait s’attendre à ce que les restrictions d’activité, de mobilité et de trafic aient au moins entrainé un effet positif pour la planète, mais ce n’est pas si simple, conclut cette équipe de l’Université d'Helsinki. Cette évaluation en règles confirmée par modélisation, de la qualité de l'air après les premières vagues de restrictions, présentée dans la revue Environmental Science: Atmospheres révèle que cette réduction des émissions du trafic automobile a juste modifié les proportions des différents polluants, mais n’a pas significativement changé la donne.
L’étude, centrée sur le nord de l'Italie, une région bien connue pour avoir l'une des pires normes de qualité de l'air en Europe, confirme la réduction d’émission de certains « ingrédients » au profit d’autres types et formes de polluants. Les chercheurs islandais ont regardé les effets des restrictions COVID-19 sur plusieurs substances toxiques de l'air, en combinant des mesures de la qualité de l'air et des données de simulation informatique sur plusieurs sites de la région. Leur analyse révèle que la réduction des émissions du trafic notamment entraîne une forte réduction des oxydes d'azote mais une augmentation significative des concentrations d'aérosols, entre autres polluants.
Ainsi, en dépit de la forte réduction de la mobilité des personnes et des émissions des voitures
qui augmentent notamment les concentrations d'oxydes d'azote,
- les concentrations d'aérosols sont restées pratiquement inchangées par rapport aux années précédentes ;
- les polluants secondairement formés comme l'ozone, montrent au contraire, une augmentation de leurs concentrations ;
- ces résultats sont ensuite confirmés par une simulation informatique de la restriction COVID-19 sur le trafic, indiquant que l'augmentation de la capacité d'oxydation globale de l'atmosphère pourrait avoir accru la formation de nouveaux aérosols ;
- au fur et à mesure que les émissions d'oxydes d'azote sont réduites, les réactions chimiques des gaz organiques contre les oxydants atmosphériques augmentent, ce qui favorise légèrement la formation de nouvelles particules organiques.
« Un énorme réacteur discontinu contenant toutes sortes de produits chimiques », c’est ainsi que décrivent les auteurs, leur zone d’étude du nord de l’Italie. Leur étude montre que la seule modification d’un des « ingrédients » de la pollution de l’air peut déclencher des réponses non linéaires dans les concentrations de polluants atmosphériques.
« En réalité, la réponse de l’air à la réduction d’activité est complexe et non linéaire »,
explique le Dr Federico Bianchi de l’Institute for Atmospheric and Earth System Research (INAR) de l’Université d’Helsinki. L’étude apporte ainsi un éclairage nouveau sur la formation des polluants atmosphériques et révèle que finalement, la réduction des émissions du trafic a eu peu d'impact sur les concentrations de particules, soulignant l'importance de prendre en compte et de surveiller d’autres sources et types d'émissions.
Les chercheurs appellent donc à caractériser soigneusement l'évolution des différents types d'émissions pour améliorer la compréhension et la prévention de la pollution de l'air.
Source: Environmental Sciences : Atmosphere Juillet 2021 DOI : 10.1039/d1ea00036e Modeling the effect of reduced traffic due to COVID-19 measures on air quality using a chemical transport model: impacts on the Po Valley and the Swiss Plateau regions†
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