Ces chercheurs du Regenstrief Institute et de l'Indiana University (IU) dénoncent l’absence, lors de la plupart des consultations dentaires et lors des soins dentaires de routine, de prise en compte des antécédents de santé mais surtout des traitements en cours. Pourtant de très nombreux patients prennent des médicaments ou présentent des antécédents médicamenteux qui pourraient affecter la santé bucco-dentaire à long terme. L’étude, publiée dans la revue Technology and Health Care, appelle donc à ne pas négliger le rôle important des traitements, dans la santé buccodentaire.
Les études ayant examiné le profil médicamenteux des patients en dentaire, sont extrêmement limitées-en dépit de la crise actuelle des opioïdes, des médicaments fréquemment prescrits pour ces types de soins. Or, « la proportion de jeunes adultes vus en consultation dentaire et prenant des médicaments est surprenante », commente l’auteur principal, le Dr Thankam Thyvalikakath, directeur du programme d'informatique dentaire de l’IU School of Dentistry : « La plupart des dentistes supposent que les jeunes adultes ne prennent pas de médicaments et n’interrogent pas leurs patients sur leurs traitements, cependant ces résultats soulignent l'importance de prêter attention aux antécédents médicaux de tous les patients ».
Les chirurgiens-dentistes devraient documenter systématiquement les antécédents médicamenteux,
y compris chez les patients plus jeunes, souligne cette large analyse des dossiers dentaires de 11.220 patients âgés de plus de 18 ans :
- 53% des patients vus en consultation dentaire, déclarent avoir pris récemment au moins un médicament ;
- 12% des patients jeunes adultes (18-24 ans) prennent actuellement au moins un médicament ;
- 20% des 25-34 ans prennent également au moins un médicament.
Certains médicaments peuvent avoir des effets en santé bucco-dentaire : l’analyse montre que :
les patients jeunes adultes sont plus susceptibles de prendre :
- des antidépresseurs (inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine – ISRS) (5 à 12 % des 18-24 ans), qui peuvent entraîner une sécheresse buccale ; or la bouche sèche augmente le risque de carie dentaire et de perte de dents ;
- des opioïdes (ou agonistes opioïdes) (7 à 14 %), qui comportent un risque de dépendance et qui peuvent être prescrits -en sus- par le chirurgien-dentiste « si un patient prend déjà un opioïde, en tant que dentistes, nous devons nous assurer que nous ne prescrivons pas trop de médicaments à ce patient et que nous ne contribuons pas à accroître son risque de dépendance ». Des preuves de plus en plus nombreuses impliquent les opioïdes dans de nombreuses interactions médicamenteuses ignorées la plupart du temps en pratique clinique ; 30% des patients « sous » opioïdes connaissent des interactions médicamenteuses défavorables.
les patients plus âgés sont plus susceptibles de prendre
- des médicaments antihypertenseurs (inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (ECA) : 19 à 23%),
- des antidiabétiques (statines 21 à 36%),
- et des hypolipémiants.
Le message délivré par les chercheurs à l’attention de leurs confrères est donc d’obtenir une image clinique plus complète de leurs patients, comportant leurs antécédents médicaux et médicamenteux, afin de délivrer de meilleurs soins et assurer une meilleure prévention.
Source: Technology and Health Care June 2021 DOI: 10.3233/thc-202171 Differences in medication usage of dental patients by age, gender, race/ethnicity and insurance status
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