A l’approche des vacances, chacun, en fonction de ses antécédents d’infection et de vaccination, se pose la question de son immunité face aux nouveaux variants qui émergent des différentes régions du monde. Une étude récente a confirmé une forte résistance du variant delta, apparu en Inde, contre le vaccin Pfizer—BioNTech, avec des niveaux d’anticorps neutralisants plus de 5 fois inférieurs contre le variant. Cette étude d’une équipe de virologues de l'Université de Wisconsin-Madison, publiée dans les Actes de l’Académie des Science américaine (PNAS) nous éclaire sur notre immunité face au variant gamma, ou P.1, un variant responsable d’une augmentation mortelle des cas de COVID-19 au Brésil ce printemps, et aujourd’hui retrouvé partout dans le monde.
Dès janvier 2021, l'Institut national des maladies infectieuses du Japon révélait que des voyageurs revenus du Brésil étaient infectés par ce « nouveau » variant. Bien que sa propagation ait été moins élevée aux Etats-Unis, plus de 200 cas ont été depuis, détectés dans le Wisconsin, lieu de l’étude. C’est pourquoi les scientifiques de l'Université de Wisconsin-Madison ont tenté d’en savoir plus sur la protection apportée par les vaccins actuels contre la variante gamma.
Une immunité vaccinale ou même naturelle suffisante contre gamma ?
Cette étude a utilisé précisément une souche variante récupérée sur l'un des premiers voyageurs infectés et conclut que la vaccination avec un vaccin à ARNm induit bien des réponses en anticorps suffisamment protectrices contre l'infection par gamma/P.1. Ainsi, des hamsters infectés se montrent toujours protégés contre l'infection par la variante gamma 9 mois plus tard. Des données, qui selon les chercheurs, suggèrent qu'une infection antérieure par le SRAS-CoV-2 et des vaccins basés sur des souches antérieures du virus offrent bien une protection contre l'infection par gamma.
La protection vaccinale devrait permettre d’éviter le développement d’une forme sévère de la maladie, a minima, expliquent les chercheurs qui constatent une forte protection chez l’animal. L’auteur principal, le Dr Yoshihiro Kawaoka, professeur de virologie à l'école de médecine vétérinaire de l'université du Wisconsin-Madison et à l'université de Tokyo, ajoute : « Les personnes infectées par cette variante qu’elles aient été vaccinées ou précédemment infectées, ne devraient pas développer une maladie grave ».
Quelques cas sévères néanmoins documentés au Brésil : si ces résultats se veulent rassurants, les scientifiques évoquent des différences possibles de réponse, entre le hamster et l’Homme. En effet, quelques cas de formes sévères après rétablissement d'une infection par une souche antérieure ou après vaccination, ont été documentés au Brésil, avec infection par la variante gamma. Il serait possible que l'immunité dure plus longtemps chez les hamsters que chez les humains, même si les hamsters sont aujourd’hui reconnus comme de très bons modèles pour l’étude de l’infection à SARS-CoV-2.
Une validation chez l’Homme : pour valider ces premiers résultats, l'équipe a examiné si les anticorps contenus dans les sérums de convalescence de 35 patients COVID-19 rétablis de la maladie ou de personnes ayant reçu le vaccin à ARNm Pfizer-BioNTech pouvaient neutraliser différentes souches virales, dont le variant gamma. L’expérience confirme que les anticorps produits ont appris à reconnaître la protéine de pointe du virus SARS-CoV-2, qui est responsable de la liaison aux cellules. Cependant, de précédentes études ont montré qu'une mutation de la protéine de pointe – E484K, trouvée dans les variantes gamma – peut modifier l'identité de la protéine de pointe juste assez pour que la variante puisse « tromper » ces défenses. Cependant, ici, l’expérience montre que les anticorps présents dans le plasma de convalescence et dans le sang des participants vaccinés réagissent bien contre gamma.
- Dernière vérification : les chercheurs ont étudié si le plasma de convalescence de 3 patients infectés par le SRAS-CoV-2 au début de 2020 pouvait protéger contre la réplication virale dans le nez et les poumons des hamsters. Ils confirment que le plasma de convalescence limite la réplication du virus dans les poumons de hamsters infectés par la souche originale et par le variant gamma/P.1.
Des mutations diverses à surveiller : les scientifiques observent cependant des différences importantes dans la protéine de pointe des variants gamma qui pourraient influencer l'immunité, et appellent donc à une surveillance soutenue.
La vaccination, selon les auteurs, reste le meilleur moyen de se protéger du SRAS-CoV-2 et des variants émergents, y compris contre la variante delta…Curieusement, même si l’immunité vaccinale contre gamma apparait ici suffisamment efficace –au contraire de l’immunité vaccinale contre Delta– « la différence entre la souche d'origine et (delta) et la souche d'origine et (gamma) est similaire », soulignent les chercheurs.
Les vaccins devront probablement être modifiés dans les années à venir afin de maintenir une protection suffisante contre un virus qui évolue en continu pour échapper aux mesures protections que nous concevons.
Source : Proceedings of the National Academy of Science (PNAS) July 6, 2021 DOI : 10.1073/pnas.2106535118 Characterization of a new SARS-CoV-2 variant that emerged in Brazil
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