Chez les personnes ayant une prédisposition génétique à une pression oculaire plus élevée, une consommation quotidienne de caféine trop élevée, peut multiplier par plus de 3 le risque de glaucome, conclut cette étude internationale multicentrique, menée à la Mount Sinai School of Medicine (New York). C’est la première étude à démontrer une interaction diététique-génétique dans le glaucome. Les résultats publiés dans la revue Ophthalmology suggère aux personnes à antécédents familiaux de glaucome de réduire leur consommation de caféine.
L’un des auteurs de l’étude, le Dr Anthony Khawaja, professeur agrégé d'ophtalmologie à l’University College London (UCL) et Moorfields Eye Hospital, un expert des liens entre alimentation et maladies ophtalmiques, rappelle que le glaucome est la principale cause de cécité dans les pays riches. L’étude examine l'impact de la consommation de caféine sur la pression intraoculaire (PIO), la pression à l'intérieur de l'œil, qui élevée, est l’un des facteurs de risque de glaucome. Un facteur à prévenir, alors que les patients atteints de glaucome ne présentent généralement que peu ou pas de symptômes jusqu'à ce que la maladie ait progressé au point d’entraîner une perte de vision.
Risque génétique de pression oculaire élevée + caféine = risque de glaucome
La même équipe avait déjà publié une étude suggérant qu'une consommation élevée de caféine augmente le risque de glaucome chez les personnes à antécédents familiaux de la maladie. Dans cette nouvelle étude, l’équipe démontre que cette relation négative entre une consommation élevée de caféine et le glaucome n’est vérifiée que chez les personnes présentant un score de risque génétique élevé de pression oculaire élevée.
L'étude des données de l'UK Biobank : les chercheurs ont analysé les données de plus de 120.000 participants à l’UK Biobank, âgés de 39 à 73 ans, dont les données génétiques et alimentaires- dont la consommation de café. Les participants avaient également renseigné différentes caractéristiques de leur vision dont leurs antécédents familiaux de glaucome. 3 ans après l’inclusion dans l'étude, leur pression intra-oculaire a été mesurée. L’analyse combinée de ces différentes données révèle que :
- une consommation élevée de caféine n'est pas associée à un risque accru de pression intraoculaire élevée et/ou de glaucome dans l'ensemble ;
- cependant, chez les participants présentant la plus forte prédisposition génétique à une PIO élevée (soit dans le 25è centile supérieur pour la PIO), une consommation plus élevée de caféine est bien associée à une PIO plus élevée et à une prévalence plus élevée du glaucome ;
- précisément,
les personnes qui consomment plus de 4 tasses de café ont une pression intraoculaire supérieure de 0,35 mmHg ;
- les personnes qui présentent le score de risque génétique le plus élevé de PIO élevée et consomment plus de 3 tasses de café ont un risque de glaucome 3,9 fois plus élevé que celles qui ne boivent pas ou peu de café et ont un score de risque génétique élevé de PIO élevée.
« Les patients atteints de glaucome demandent souvent comment ils peuvent protéger leur vue grâce à des changements de mode de vie, mais ce domaine a été relativement peu étudié jusqu'à présent. Cette étude suggère que les personnes présentant le risque génétique le plus élevé de glaucome devraient réduire leur consommation de café« .
On retiendra néanmoins que
« Le lien entre caféine et risque de glaucome n'est observé qu'avec une grande quantité de café et en cas de forte prédisposition génétique à une « PIO » élevée ».
Une belle illustration de la façon dont nos gènes affectent notre risque de certaines maladies, en combinaison avec d’autres facteurs, ceux-là comportementaux ou environnementaux.
Source: Ophthalmology June 01, 2021 DOI : /10.1016/j.ophtha.2020.12.009 Intraocular Pressure, Glaucoma, and Dietary Caffeine Consumption- A Gene–Diet Interaction Study from the UK Biobank
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