Un million de décès supplémentaires « juste » pour ces 29 pays à revenu élevé en 2020, c’est une première estimation du fardeau direct et collatéral de la pandémie de COVID-19, qui nous est livrée par cette équipe internationale dirigée à Université d'Oxford et à l’Imperial College London. Ces données publiées dans le British Medical Journal sont déjà présentées comme la partie visible de l’iceberg et appellent à une surveillance à plus long terme permettant de guider nos futures politiques de santé publique.
L’auteur principal, le Dr Nazrul Islam du Nuffield Department of Population Health et son équipe ont en effet entrepris de mesurer l'excès de décès ou le nombre de décès supérieur à celui attendu au cours de la période donnée afin d'évaluer l'impact de la pandémie dans les différents pays. À l'exception de la Norvège, du Danemark et de la Nouvelle-Zélande, tous les autres pays enregistrent en 2020 plus de décès que « prévu » en particulier chez les hommes. Les 5 pays ayant le plus grand nombre en valeur absolue de décès excédentaires sont les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne et la Pologne.
Sans surprise, tous les pays ont connu un excès de décès en 2020,
à l'exception de la Nouvelle-Zélande, de la Norvège et du Danemark.
À l'aide d'un modèle mathématique, les chercheurs ont calculé la surmortalité hebdomadaire en 2020 pour chaque pays, en tenant compte des différences d'âge et de sexe entre les pays, ainsi que des tendances saisonnières et annuelles de la mortalité au cours des 5 précédentes années. L’analyse aboutit à précisément 979.000 décès supplémentaires survenus en 2020 dans les 29 pays analysés.
Le nombre de décès en excès le plus élevé est relevé :
- aux États-Unis : 458.000
- au Royaume-Uni : 94.400
- en Italie : 89.100
- en Espagne : 84.100
- en Pologne : 60.100
La Nouvelle-Zélande fait état de moins de décès que « prévu » (-2.500).
Les plus de 75 ans plus durement touchés : sans surprise non plus, le nombre total de décès excédentaires s’avère largement concentré chez les 75 ans ou plus, puis chez les 65 à 74 ans. En revanche, aucun changement significatif de mortalité n’est constaté chez les enfants de moins de 15 ans.
Les décès excédentaires dépassent le nombre de décès associés au COVID-19 : par exemple, aux États-Unis et au Royaume-Uni, les décès excédentaires estimés dépassent de plus de 30% que le nombre de décès déclarés comme liés au COVID-19.
Des statistiques « troublantes » en France et en Israël : Israël et la France enregistrent en effet un nombre plus élevé de décès liés au COVID-19 que de décès excédentaires. La cause de cette variation n'est pas claire, mais résultent peut-être des différences dans la façon dont ces pays définissent et enregistrent les décès …
Les taux de surmortalité sont plus élevés chez les hommes que chez les femmes, et cette différence tend à augmenter avec l'âge.
Les chercheurs soulignent les quelques limites de leur étude, notamment un manque de données sur les pays à revenu faible et intermédiaire et sur des facteurs tels que l’origine ethnique et le statut socio-économique, et suggèrent qu’un délai supplémentaire sera nécessaire pour appréhender de nombreux effets indirects de la pandémie sur la mortalité.
Cette première analyse apporte cependant des données précieuses,
comme ce taux de 30% de la surmortalité non directement liée à la pandémie COVID-19.
Elle appelle également à une surveillance fiable de la surmortalité et à plus long terme, qui permettrait de mieux guider les politiques de santé publique et de mettre en œuvre des protocoles de prévention mieux ciblés (dépistages, vaccinations, suivi de certaines maladies chroniques par exemple).
Enfin, ces résultats confirment l’énorme fardeau en termes de mortalité mais aussi de morbidité de la pandémie de COVID-19 dans ces 29 pays à revenu élevé en 2020.
Source: The BMJ 19 May, 2021 DOI : 10.1136/bmj.n1137 Excess deaths associated with covid-19 pandemic in 2020: age and sex disaggregated time series analysis in 29 high income countries
Plus sur COVID-19
Laisser un commentaire