Atteindre des niveaux élevés de couverture vaccinale contre le COVID-19 d'ici l'été peut prévenir des millions de cas, démontre cette large modélisation menée par différents instituts de recherche américains. L’étude, publiée dans le Journal of Infectious Diseases, pour les Etats-Unis, apporte, au-delà, aux décideurs du monde entier, des repères précieux pour les stratégies de vaccination. Avec un principe à la clé : toutes les données concordent pour viser une couverture vaccinale de minimum 50%, et avant l’été.
Les Etats-Unis ont mené une campagne de vaccination efficace, avec à ce jour, 30% de leur population entièrement (2 doses) vaccinés. Pour comparaison, en France, seuls 24 % de la population majeure est à ce jour primo-vaccinée. Cependant, aux Etats-Unis, le taux de vaccination ralentit, ce qui implique la mise en œuvre de nouveaux efforts pour atteindre des niveaux de couverture plus élevés. Cette étude apporte déjà des données incitatives, en montrant que des augmentations même relativement faibles de la couverture vaccinale ou encore l’atteinte plus précoce de niveaux de couverture vaccinale plus élevés peuvent totalement changer la donne.
Vacciner le plus de personnes possible et le plus rapidement possible
Ainsi, les scientifiques du PHICOR (Public Health Informatics, Computational, and Operations Research, Neewyork) de la CUNY Graduate School, du Baylor College of Medicine (Houston) et de la Johns Hopkins University (Baltimore) concluent que si les États-Unis parviennent à vacciner la moitié de leur population d'ici l'été (plutôt qu’à l'automne), 6,8 millions de cas pourraient être évités et 9,8 milliards de dollars économisés.
Un modèle de simulation adaptable : le modèle de simulation informatique est ici appliqué à l'ensemble des États-Unis et permet donc de simuler la vaccination et ses effets, pour différentes proportions de la population, à des taux différents et avec les différents types de vaccins COVID-19. Le modèle pourrait donc être adapté en fonction des données propres à chaque pays. Le modèle intègre également le fait que chaque sujet puisse selon un taux simulé, être infecté par le virus et développer des symptômes différents au fil du temps et, en fonction de leur sévérité, devoir consulter, être hospitalisé, être ventilé et être pris en charge en soins intensifs- ce qui implique des coûts de soins de santé et une perte de productivité. Enfin, le modèle intègre également l’effet des saisons sur la circulation du virus.
Parmi les principales conclusions de l’étude :
- passer d'une couverture vaccinale de 30% à une couverture de 40% peut permettre à l’échelle des Etats-Unis, d'éviter 24,3 millions de cas -ce qui représente environ 7% de la population- et économiser plus de 30 milliards de dollars en coûts médicaux directs et en pertes de productivité ;
- passer d'une couverture de 50% à 70% peut permettre d'éviter 9,5 millions de cas- soit environ 3% de la population ;
- des augmentations relativement faibles de la couverture vaccinale peuvent prévenir des milliers de cas et de vies et des centaines de millions de coûts :
- chaque augmentation de 2% de couverture vaccinale entre 40 et 50% permet d’éviter l’équivalent en cas d’environ 1% de la population.
Y parvenir le plus tôt possible : l'étude souligne l'importance d'atteindre des niveaux de couverture vaccinale élevés dès que possible : accélérer les vaccinations pour atteindre une couverture de 50% d'ici juillet au lieu d'octobre 2021 pourrait éviter près de 2% de cas supplémentaires-et pour les Etats-Unis des centaines de milliers (215790) d’hospitalisations et près de 30.000 décès.
Encore une fois, ces données sont issues d’une modélisation calée sur les caractéristiques de la pandémie aux Etats-Unis mais elles apportent des seuils précieux pour les décideurs du monde entier, avec un message clair et aujourd'hui largement partagé,
vacciner autant de personnes que possible avant le début de l'hiver.
La couverture « compte » plus que le vaccin : les chercheurs confirment que l'augmentation de la couverture vaccinale est bien plus bénéfique que l'utilisation de vaccins « plus efficaces » : la réalisation d'une couverture de 70% avec un vaccin efficace à 70% peut éviter un nombre de cas correspondant à 1% de la population de plus que l’atteinte d’une couverture de 50% avec un vaccin efficace à 90% sur la même période.
Tous les vaccins anti-COVID-19 disponibles devraient donc être utilisés pour vacciner le plus de personnes possible et le plus rapidement possible.
Source: Journal of Infectious diseases 6 May, 2021 DOI : 10.1093/infdis/jiab233 Lives and Costs Saved by Expanding and Expediting COVID-19 Vaccination
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