De nombreuses études ont désigné l’obésité comme un facteur de risque et de mauvais pronostic de COVID-19, cette nouvelle étude du Centre médical universitaire de Radboud (Pays-Bas) apporte une précision non négligeable : oui, l’obésité est certainement un facteur de risque de forme sévère et de complications de COVID-19, mais, en fin de compte, chez les patients hospitalisés, l’obésité n'est pas un facteur de risque accru de mortalité. Quelques explications concernant ces données, publiées dans la revue Diabetes Care et qui peuvent à première vue apparaître contradictoires.
L'obésité est certainement un facteur de risque de complications respiratoires et inflammatoires de COVID-19. Plusieurs études ont démontré que l’obésité contribue à accentuer la réduction de la fonction pulmonaire et à accroître inflammation dans le COVID-19. L’hormone leptine qui régule l'appétit et le système immunitaire pourrait médier cette association. Cette nouvelle analyse des données de milliers de patients COVID-19 conclut que si les patients atteints de COVID-19 en surpoids ou obèses sont plus susceptibles de développer une infection plus grave que les patients de poids santé, s’ils sont plus souvent hospitalisés, s'ils ont plus souvent besoin d'oxygène et d'une ventilation mécanique invasive, une fois hospitalisés, leur risque de décès est finalement similaire à celui des autres patients.
A l'hôpital, le taux de décès des patients obèses hospitalisés n’est pas plus élevé
L’étude a été menée sur les données de plus de 7.000 patients de 11 pays, admis dans 18 hôpitaux. L’auteur principal, le Dr Siroon Bekkering du centre médical de Radboud, explique que cette étude est la première à combiner une telle quantité de données, de plusieurs pays, sur l'impact de l’obésité sur l’évolution de la maladie COVID-19.
- 35% de ces participants étaient en surpoids ;
- 31% étaient obèses ;
- les participants souffrant d'obésité ont eu besoin d'oxygène plus fréquemment et étaient 73% plus susceptibles de nécessiter une ventilation mécanique invasive ;
- pourtant, aucune augmentation de la mortalité n'a été observée dans ces groupes de patients hospitalisés, par rapport aux autres patients hospitalisés ayant un poids santé.
Une explication ? le surpoids et l'obésité sont caractérisés par une inflammation chronique, qui peut conduire à une sensibilité accrue aux virus-dont d'ailleurs le virus de la grippe. De plus les personnes atteintes d’obésité sont plus susceptibles de présenter des difficultés respiratoires comme l’essoufflement, ce qui peut contribuer à expliquer leur besoin accru de ventilation. Mais une surveillance plus rigoureuse et une ventilation plus systématique de ces patients pourraient également contribuer à l'absence d'augmentation du risque de décès associée à l'obésité.
D’autres facteurs de risque d'infection sévère sont confirmés : dans cette analyse aussi, les hommes sont plus susceptibles de connaître un développement plus sévère de l'infection, les personnes âgées de plus de 65 ans ont plus souvent besoin d’une oxygénothérapie et encourent un plus grand risque de décès. Les facteurs de risque de décès sont également confirmés :
- certaines comorbidités préexistantes comme les maladies cardiovasculaires et les maladies respiratoires apparaissent à nouveau associées à un risque accru de décès à l'hôpital, mais pas à un risque accru de recours à l’oxygénothérapie et à la ventilation mécanique ;
- un diabète préexistant est associé à un risque accru d’assistance respiratoire invasive, mais, curieusement ce risque n’est pas retrouvé chez les patients souffrant à la fois d'obésité et de diabète. Encore un paradoxe de l'obésité ?
On retiendra donc que si l’obésité est associée en cas d’infection COVID-19 à un risque plus élevé d’hospitalisation et de soins intensifs, le taux de décès des patients obèses hospitalisés pour COVID-19 n’est pas plus élevé que celui des autres patients.
Source: Diabetes Care April, 2021 DOI : 10.2337/dc20-2676 Diabetes and Overweight/Obesity Are Independent, Nonadditive Risk Factors for In-Hospital Severity of COVID-19: An International, Multicenter Retrospective Meta-analysis
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