Plus de 250 millions de personnes dans le monde souffrent de maladie artérielle périphérique des membres inférieurs (MAP). L'exercice est la thérapie non invasive la plus efficace pour améliorer la mobilité et la marche chez ces personnes, rappelle cette équipe de la Northwestern University. Mais à condition de souffrir, un peu, pour en récolter les bénéfices, une douleur qui se réduira avec le temps, soulignent les chercheurs de Chicago qui publient leurs conclusions dans le Journal of American Medical Association (JAMA).
Une précédente étude de la même équipe avait abouti à des conclusions plus mesurées, relevant que la douleur peut être aussi un sérieux obstacle à l’observance : « Marcher jusqu'à en avoir mal est efficace, mais seulement chez quelques patients bien déterminés. De nombreux cliniciens et chirurgiens vasculaires prescrivent toujours ce type d'exercice, mais il est important de considérer d'autres types d'activité, qui font également leurs preuves ». Cette nouvelle recherche prône un effort un peu plus poussé, sur une distance plus longue et un temps de marche plus élevé, et avec une douleur qui diminuera avec le temps.
Un peu de douleur ne fait pas de mal
La maladie artérielle périphérique (MAP) est caractérisée par des artères des jambes obstruées, cela limite la circulation sanguine dans les jambes et augmente les risques d'accident vasculaire cérébral et de crise cardiaque. Parmi ses facteurs de risque, on compte e tabagisme, le diabète, l'hypertension artérielle et l'hypercholestérolémie. Environ 30% des patients atteints de MAP éprouvent des douleurs et des crampes dans les jambes lorsqu'ils marchent (claudication intermittente), cependant, l’exercice reste le traitement de première intention, avec des modifications si nécessaires du mode de vie, dont l’arrêt du tabac, le choix d'une alimentation saine et si nécessaire, une perte de poids. Ces mesures de mode de vie permettent de réduire considérablement les symptômes de la MAP et d’améliorer la mobilité et la qualité de vie.
MAP et marche douloureuse : chez les personnes atteintes de MAP, marcher pour faire de l'exercice induit une douleur ischémique dans la jambe (causée par une circulation sanguine restreinte). Marcher à un rythme lent sans induire de symptômes ischémiques des jambes n'est pas plus efficace que l’absence d’exercice, conclut cet essai randomisé. C'est le premier essai à montrer qu'un programme de marche permet d’améliorer la capacité de mobilité des patients atteints de MAP à condition de marcher à une intensité élevée entraînant des douleurs ischémiques dans les jambes.
L’étude a suivi durant 12 mois 305 personnes atteintes de MAP réparties en un groupe « exercice à haute intensité », un groupe « exercice de faible intensité » et un groupe témoin. Les participants du groupe exercice intense devaient marcher à un rythme suffisamment rapide pour ressentir des douleurs ischémiques aux jambes durant l'exercice et les participants du groupe exercice modéré devaient marcher à un rythme confortable qui n'induisait pas de symptômes ischémiques des jambes. L'intensité a été surveillée à distance à l'aide d'un moniteur d'activité ActiGraph. L’expérience montre que :
- les patients qui ont participé à des exercices de marche à haute intensité ont considérablement amélioré leur distance de marche en 6 minutes par rapport au groupe de faible intensité ou au groupe témoin ;
- le groupe exercice de haute intensité a également considérablement amélioré la durée de marche sur tapis roulant par rapport aux autres groupes.
Souffrir un peu pour remarcher normalement : « Marcher jusqu’à ressentir des douleurs aux jambes permet de récolter les bénéfices de la marche contre les symptômes de la MAP», conclut l’auteur principal, le Dr Mary McDermott, professeur de médecine à la Northwestern University Feinberg School of Medicine : « cette douleur diminue progressivement avec le temps et la pratique, et la plupart des patients peuvent ensuite remarcher normalement sans inconfort ».
Quelle explication ? Bien que l'essai n’identifie pas les processus sous-jacents, les auteurs font l’hypothèse que l'exercice intensif stimule certaines voies biologiques qui favorisent l’amélioration de l’activité mitochondriale. L'exercice pourrait également favoriser la croissance de nouveaux petits vaisseaux sanguins vers les muscles.
Les patients atteints de MAP doivent marcher à un rythme qui induit des symptômes ischémiques des jambes, l’exercice étant la thérapie non invasive la plus efficace pour récupérer en mobilité et en qualité de vie.
Source: JAMA 6 April, 2021 DOI : 10.1001/jama.2021.2536 Effect of Low-Intensity vs High-Intensity Home-Based Walking Exercise on Walk Distance in Patients With Peripheral Artery Disease-The LITE Randomized Clinical Trial
Lire aussi : MALADIE ARTÉRIELLE PÉRIPHÉRIQUE : « No pain » ne signifie pas forcément « no gain »
Laisser un commentaire