Un dépistage sur la totalité du corps pour tous les membres de familles sujettes au mélanome pourrait apporter une amélioration notable des taux de détection précoce et des pronostics du mélanome, révèle cette étude d’une équipe du National Cancer Institute (NCI/NIH). L’étude, publiée dans la revue Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention montre que les patients à risque (familial) de mélanome, ceux qui ont bénéficié d’un dépistage de routine et d’une éducation (ETP) sur l’auto-examen de la peau sont beaucoup plus susceptibles de bénéficier d’un diagnostic précoce, en cas de mélanome. Or, le dépistage précoce permet le traitement précoce avec de meilleurs résultats.
L’auteur principal, le Dr Michael Sargen, dermatologue et chercheur au NCI rappelle que le dépistage du mélanome sur l'ensemble du corps est actuellement systématique pour les personnes à haut risque de mélanome. Ces personnes comprennent les membres de familles sujettes au mélanome, définies comme ayant au moins 2 parents atteints de mélanome, et ceux ayant des variants génétiques pathogènes héréditaires qui peuvent augmenter le risque de mélanome. Cependant, jusqu’à cette étude le bénéfice précis du dépistage systématique dans ces familles sujettes au mélanome n'avait pas encore été précisément quantifié.
Préciser le bénéfice du dépistage familial du mélanome
Pour mieux comprendre si le dépistage et l'ETP (éducation thérapeutique du patient) des membres des familles sujettes au mélanome pouvaient entraîner une détection plus précoce du mélanome, et dans quelle mesure, les chercheurs ont analysé les données de l'étude NCI Familial Melanoma, une étude lancée en 1976 pour préciser les facteurs de risque héréditaires et environnementaux de la maladie. A l’inclusion, les participants ont bénéficié d’un dépistage du mélanome sur tout le corps, avec prise de photographies du corps entier et gros plans des « grains de beauté » pouvant évoluer de manière problématique. Tous les participants ont reçu des informations sur l'apparence du mélanome et des conseils pour protéger leur peau des ultraviolets (UV ). Enfin, les participants ont été suivis de manière annuelle par leur dermatologue avec un dépistage du corps entier.
Les chercheurs ont ensuite comparé les différences d'épaisseur du mélanome et de stade de la tumeur entre les participants diagnostiqués avec un mélanome avant et après le début de l’étude.
- 293 cas de mélanome ont été recensés au cours de l’étude,
- dont 246 cas à l’inclusion
- et 47 cas au cours du suivi.
- L’analyse constate que les cas de la cohorte prospective avaient des mélanomes significativement plus minces que les cas diagnostiqués à l’inclusion (0,6 mm contre 1,1 mm, respectivement) ;
- les cas diagnostiqués au cours du suivi le sont plus fréquemment au stade T1 précoce vs cas diagnostiqués à l’inclusion (83% vs 40%) ;
- les mélanomes diagnostiqués au cours du suivi sont plus minces que les mélanomes diagnostiqués en population générale. S’il existe une tendance à la baisse de l'épaisseur du mélanome observée en population générale au moment du diagnostic, cette réduction est encore plus élevée en cas de dépistage régulier au sein des familles sujettes au mélanome.
Pris ensemble, ces résultats suggèrent que le dépistage familial régulier et l'ETP peuvent améliorer de manière significative la détection et le traitement précoces du mélanome.
Il reste à préciser les contributions respectives du dépistage et de l’ETP (protection, auto-examen), cependant ces stratégies apparaissent à la fois complémentaires et nécessaires.
Source: Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention DOI: 10.1158/1055-9965.EPI-20-1521 Published April 2021 The Impact of Longitudinal Surveillance on Tumor Thickness for Melanoma-Prone Families with and without Pathogenic Germline Variants of CDKN2A and CDK4
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