Muscle ou cerveau, faut-il choisir ? Certainement lorsqu’il s’agit de l’utilisation de stéroïdes anabolisants androgènes (AAS) pour développer ses muscles. Cette étude norvégienne basée sur l’imagerie cérébrale révèle les effets à long terme des stéroïdes anabolisants androgènes (AAS), une version synthétique de l'hormone sexuelle masculine testostérone, parfois utilisés comme traitement médical pour un déséquilibre hormonal, mais le plus souvent pour améliorer les performances sportives.
L'utilisation d'AAS augmente la masse musculaire et la force, avec de nombreux effets secondaires déjà bien documentés, allant de l'acné aux troubles cardiaques en passant par une agressivité accrue. Cette recherche ajoute un effet indésirable sur le cerveau, son vieillissement prématuré. « L'utilisation d’AAS a été associée à une gamme d'effets secondaires médicaux et psychologiques », rappelle l'auteur principal, le Dr Astrid Bjørnebekk du Département de santé mentale et de la toxicomanie, de l’Hôpital universitaire d'Oslo. « Etant donné que les stéroïdes anabolisants ne sont dans le domaine public que depuis environ 35 ans, nous sommes encore dans une phase de découverte progressive de leurs effets après une utilisation prolongée. Or les effets les moins étudiés sont ceux qui concernent le cerveau ».
Les hormones stéroïdes pénètrent facilement dans le cerveau
Les récepteurs des hormones sexuelles sont présents « partout » dans le cerveau, ce qui explique, au-delà des doses ingérées beaucoup plus élevées que celles que l'on trouve naturellement dans le corps, leur impact néfaste sur le cerveau, en particulier après une longue période d'utilisation. Les chercheurs rappellent de précédentes études antérieures ayant montré que les utilisateurs d'AAS font de moins bons scores aux tests cognitifs.
Ici, l’équipe étudie par IRM le cerveau de 130 hommes, pratiquant l’haltérophilie, ayant des antécédents d'utilisation prolongée d’AAS et de 99 participants témoins, pratiquant également l’haltérophilie mais n’ayant jamais utilisé d’anabolisants. À l'aide d'un ensemble de données de 2.000 hommes en bonne santé âgés et de l'apprentissage automatique pour déterminer l'âge cérébral biologique, les chercheurs ont pu déterminer, pour chaque participant, l’écart entre son âge cérébral chronologique et son âge cérébral biologique. Un âge biologique avancé du cerveau est associé à une réduction des performances cognitives et à un risque accru de maladies neurodégénératives.
- Sans surprise, les utilisateurs d'AAS présentent un écart d'âge cérébral plus important entre ces 2 âges que les non-utilisateurs ;
- les participants les plus dépendants des AAS ou ayant des antécédents d'utilisation plus longs, présentent un vieillissement cérébral accéléré ;
- ces résultats valent toujours après prise en compte de facteurs de confusion possibles, dont la prise d’autres traitements ou la dépression.
Un impact possible sur la qualité de vie plus tard dans la vie : l’étude révèle ainsi, à partir d’un large échantillon que l'utilisation des AAS est associée à un risque de vieillissement cérébral accéléré avec un impact possible ensuite sur la qualité de vie des personnes âgées. Un message que délivrent ici les chercheurs, « aux jeunes hommes se demandant s'il faut utiliser des stéroïdes anabolisants ».
Enfin, des résultats préoccupants pour les sportifs qui utilisent ces stéroïdes depuis longtemps.
Source: Biological Psychiatry: Cognitive Neuroscience and Neuroimaging January 2021 DOI : 10.1016/j.bpsc.2021.01.001 Long-term anabolic androgenic steroid use is associated with deviant brain aging
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