Des nanoparticules d'or et un simple test sanguin pour identifier des lésions au foie, c’est la proposition diagnostique de cette équipe de bioingénieurs de l'Université du Texas à Dallas, documentée dans la revue Science Advances. Ces premières preuves de concept ouvrent une possibilité à terme pour les médecins généralistes de détecter plus tôt une lésion hépatique au cabinet, et offrent ainsi aux patients, de meilleures chances de guérison.
L’auteur principal, le Dr Jie Zheng, chimiste et expert de l’utilisation des nanoparticules d'or en nanomédecine montre comment ces nanoparticules pourraient jouer un rôle clé dans un simple test sanguin pour détecter les lésions hépatiques aiguës plus tôt que les méthodes actuelles. Car aujourd’hui, la surveillance et le diagnostic des maladies du foie passe par des biopsies hépatiques, invasives, douloureuses et à risque de complications. En clinique, les médecins peuvent également surveiller la fonction hépatique avec des tests qui mesurent les niveaux de certaines enzymes et protéines dans le sang, telles que l'alanine aminotransférase (ALT) et l'aspartate aminotransférase (AST), 2 enzymes libérées par les cellules hépatiques ou les hépatocytes, lorsque l'organe est endommagé.
Détecter en ville une lésion hépatique
Les tests basés sur les biomarqueurs sanguins conventionnels diagnostiquent la lésion hépatique trop tard, ou à tort parfois, en cas d’inflammation aiguë. Dans de nombreux cas, le traitement des lésions hépatiques intervient trop tardivement. En ciblant un antioxydant clé produit par le foie, le glutathion, les chercheurs peuvent détecter un dysfonctionnement hépatique de manière précoce : l’étude, menée ici chez la souris modèle de lésion hépatique, montre que lorsque le foie est endommagé, la production de glutathion est bloquée.
« L'appauvrissement du glutathion est fortement corrélé avec un risque accru de nombreuses maladies du foie, y compris les lésions hépatiques d'origine médicamenteuse,
les maladies du foie gras, la fibrose hépatique et la cirrhose »
La surveillance non invasive du glutathion pose une difficulté : jusque-là la mesure de l’antioxydant s'était avérée difficile en raison de sa très faible concentration dans la circulation sanguine, de sa consommation immédiate par d'autres organes et de son élimination rapide par les reins. En combinant à des nanoparticules d’or un colorant fluorescent organique, le vert d'indocyanine (ICG), les nanoparticules d'or transportant le colorant spécifiquement vers le foie, l’équipe a développé une sorte de « sonde » qui peut être activée sélectivement dans le foie.
Ces nanoparticules d'or injectées à des souris modèles de lésion hépatique, atteignent une partie du foie appelée sinusoïde ; les molécules de glutathion font « tomber » les molécules ICG des nanoparticules d'or et prennent leur place puis retournent dans la circulation sanguine. Un simple test sanguin permet alors, en une demi-heure seulement, de détecter une déplétion en glutathion.
« Plus il reste d'ICG, -plus la solution est claire- moins il y a de glutathion dans le foie, plus le risque de lésions hépatiques est élevé »
Source: Science Advances 19 Feb 2021 DOI: 10.1126/sciadv.abd9847 Noninvasive monitoring of hepatic glutathione depletion through fluorescence imaging and blood testing
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