Pouvoir remplacer la chirurgie par une injection unique, directement dans la tumeur, ici de nanoparticules, c’est l’approche développée par ces dermatologues et bioingénieurs de l’Université Yale. Une approche à double détente, documentée dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS).
« Pour de nombreux patients, le traitement du cancer de la peau est complexe et peut nécessiter plusieurs chirurgies. Une procédure aussi simple qu’une injection constituerait une grande avancée », explique l’auteur principal, le Dr Michael Girardi, professeur de dermatologie à la Yale School of Medicine. C’est un objectif « de toujours » en dermatologie, trouver un moyen plus simple de traiter les cancers de la peau tels que le carcinome basocellulaire et le carcinome épidermoïde. L’équipe du laboratoire du Dr Saltzman est spécialisée dans les nanoparticules et travaille depuis de nombreuses années à optimiser la capacité de transport de médicaments des particules et, en particulier pour délivrer des médicaments de chimiothérapie, si possible en une seule dose.
Une injection de nanoparticules à base de polymère, portant un agent de chimiothérapie
Le traitement consiste à injecter directement dans la tumeur des nanoparticules à base de polymère qui comportent un agent de chimiothérapie. Ces nanoparticules sont bioadhésives, c'est-à-dire qu'elles se lient aux tumeurs et restent attachées suffisamment longtemps pour tuer un nombre important de cellules cancéreuses. Le Dr Mark Saltzman, professeur de génie biomédical, génie chimique et physiologie, précise : « Les nanoparticules s'accumulent et se lient à la matrice tumorale et donc une seule injection agit très longtemps. C’est une libération prolongée, les particules libèrent lentement les médicaments de chimiothérapie ».
Les nanoparticules sont la clé du traitement : lorsque le médicament est injecté directement (sans les nanoparticules) dans les tumeurs d’animaux modèles, l’effet sur la tumeur est très réduit. Enfin, l’agent thérapeutique peut également être combiné à un médicament qui stimule le système immunitaire.
La double détente, « kill and thrill » : il ne s’agit pas de tuer simplement les cellules et les laisser là, mais il faut également stimuler le système immunitaire afin qu’il élimine les déchets cellulaires et les cellules tumorales qui survivent.
Un avantage évident : dans de nombreux cas, ce nouveau traitement par injection unique pourrait éliminer la nécessité d'une chirurgie, et de ses complications possibles (infection, plaie etc…). De plus, la chirurgie n’est pas toujours envisageable, pour certains patients. De plus, la thérapie par injection permettrait de traiter plusieurs tumeurs cutanées en une seule intervention. Ce caractère unique de l’injection est primordial pour les chercheurs : « dans notre étude, nous n'avons fait qu'une seule injection, et c'est ainsi que nous aimerions que cela fonctionne en clinique. En pratique, le patient va chez son dermatologue, celui-ci identifie une lésion, le patient reçoit son injection et c’est fini ».
Parce que le contenu de la nanoparticule reste sur le site de la tumeur, le système de libération permet l'utilisation de médicaments particulièrement puissants. Alors que la chimiothérapie conventionnelle affecte tout le corps et peut avoir des effets secondaires graves, l’injection n’entraine qu’une toxicité très localisée donc limitée.
Source: Proceedings of National Academy of Sciences (PNAS) February 16, 2021 118 (7) DOI : 10.1073/pnas.2020575118 Nonsurgical treatment of skin cancer with local delivery of bioadhesive nanoparticles
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