Cette signature du cancer du foie dans l'intestin, identifiée par ces gastro-entérologues et hépatologues de l’University of New South Wales (UNSW), pourra apporter de précieux indices sur le risque de ce cancer généralement diagnostiqué trop tardivement. Ce profil distinctif du microbiome intestinal d’un patient atteint d'un cancer du foie lié à une stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD ou non-alcoholic fatty liver disease) pourrait être la clé pour prédire et traiter. L’étude, publiée dans la revue Nature Communications, va permettre de développer des traitements préventifs et thérapeutiques plus efficaces pour les personnes atteintes de maladie du foie gras non alcoolique.
Selon l’étude, le microbiome intestinal peut moduler la réponse immunitaire chez les patients atteints d'un cancer du foie atteints de NAFLD, de manière à favoriser la survie au cancer. Les auteurs rappellent que la stéatose hépatique se développe dans le contexte de l'obésité et de facteurs de risque métaboliques comme le diabète, l'hypertension et l'hypercholestérolémie. Ainsi, avec « la pandémie » mondiale d'obésité et de diabète de type 2, la NAFLD est en train de devenir la principale cause de cancer du foie, en particulier dans les pays occidentaux. L'auteur principal, le Dr Amany Zekry, professeur agrégé à l'UNSW Medicine & Health et son équipe se focalisent ici sur le type le plus courant de ce cancer, le carcinome hépatocellulaire, 3è cause de décès par cancer dans le monde.
Identifier dans le microbiote des biomarqueurs prédictifs du risque de maladies.
On sait par ailleurs que :
- le cancer du foie a généralement de mauvais résultats car il est généralement détecté à stade avancé en raison de la résilience du foie, une cirrhose du foie peut rester non diagnostiquée pendant de nombreuses années jusqu'à ce que le cancer se développe. La survie après diagnostic de cancer du foie ne dépasse donc pas 20% à 5 ans ;
- le microbiome intestinal joue un rôle important dans les maladies en général et la santé globale, et celui-ci peut être influencé par notre mode de vie et notre régime alimentaire. Cette nouvelle étude fait d’ailleurs partie d'un projet de recherche plus vaste mené auprès d'environ 200 patients dont l’objectif est d'identifier des biomarqueurs ou des indicateurs permettant de prédire le risque de maladie.
Les chercheurs ont recruté 90 patients adultes dans plusieurs hôpitaux de Sydney, dont les deux tiers venaient de recevoir un diagnostic de cancer du foie lié à la NAFLD ou à la cirrhose. Les 30 participants restants constituaient le groupe témoin exempt de maladie du foie. Les patients atteints d'un cancer du foie, âgés de 50 à 70 ans, avaient été diagnostiqués précocément. Les chercheurs ont créé des modèles de culture cellulaire à partir des échantillons de sang et de selles des participants. L'analyse identifie :
une signature microbiotique du cancer du foie.
- les patients atteints d'un cancer du foie lié à la NAFLD présentent un profil de microbiome intestinal distinctif et caractéristique, différent de celui de personnes atteintes d'une « simple » maladie du foie. C'est donc une véritable signature du cancer du foie.
- les gènes et la fonction du microbiome intestinal chez les patients atteints d'un cancer du foie lié à la NAFLD favorisent une production accrue d'acides gras à chaîne courte – de butyrate précidément – .Or l’excès de butyrate dans le contexte du cancer du foie est dangereux, car l’acide empêche le système immunitaire de fonctionner normalement. Certaines espèces de bactéries apparaissent corrélées à cette réponse immunitaire défavorable. Ainsi, le microbiome intestinal des patients atteints de cancer du foie lié à la NAFLD module la réponse immunitaire de manière à favoriser la survie du cancer plutôt que son élimination. Ces données incitent avec le développement de l'immunothérapie à chercher à moduler le microbiome pour augmenter les chances de succès de ce type de traitement…
« Une découverte passionnante car aucune étude antérieure n'avait jusque-là identifié de signature du cancer du foie lié à la NAFLD ». Les scientifiques seront bientôt en mesure d'exploiter le microbiome intestinal pour prédire l'apparition de certaines maladies. Un procédé particulièrement pertinent pour le cancer du foie presque toujours détecté dans les derniers stades.
« Notre objectif à terme est de pouvoir proposer un test, salivaire, sanguin ou de selles, pour identifier cette « signature » du risque de cancer du foie ».
Source: Nature Communications 08 January 2021 DOI : 10.1038/s41467-020-20422-7 Gut microbiota impact on the peripheral immune response in non-alcoholic fatty liver disease related hepatocellular carcinoma
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