La progéria, une maladie génétique rare qui affecte les enfants d'un vieillissement accéléré a peut-être trouvé son traitement avec cette nouvelle méthode d'édition du génome. Développée et testée sur un modèle murin de progéria par une équipe de scientifiques de plusieurs grands instituts de recherche américains, la technique corrige le gèneà l'origine de ce trouble. Ces travaux, publiés dans la revue Nature, qui apportent une première preuve de concept, vont donner lieu à de très prochaines recherches visant à reproduire ces résultats chez l’Homme.
La progéria touche environ 1 enfant sur 4 millions au cours de ses 2 premières années de vie et pratiquement tous ces enfants développent des problèmes de santé dans l'enfance et l'adolescence, normalement associés à la vieillesse, y compris des maladies cardiovasculaires (crises cardiaques et accidents vasculaires cérébraux), une perte des cheveux, des troubles musculosquelettiques, une perte de graisse sous-cutanée et un vieillissement cutané.
En utilisant une technique d'édition génomique récemment développée,
les chercheurs du National Human Genome Research Institute (NHGRI/NIH), du Broad Institute (Harvard), du MIT (Boston) et de la Vanderbilt University (Nashville), ont cherché à corriger la mutation du gène de la lamine A (LMNA) responsable de la surproduction de la progérine, une protéine toxique, qui provoque le processus de vieillissement rapide.
Les chercheurs apportent une preuve d’efficacité de leur technique d'édition de gène en prolongeant ainsi la durée de vie de souris modèles de progéria, c’est-à-dire porteuses de la mutation responsable. Ils utilisent une technique révolutionnaire d'édition de l'ADN appelée édition de base, qui remplace une seule lettre d'ADN par une autre sans endommager l'ADN. « Le fait qu'une seule mutation spécifique cause la maladie chez presque tous les enfants nous a donné l’espoir de pouvoir corriger la cause fondamentale », commente l’auteur principal, le Dr Francis S. Collins, chercheur en génomique médicale et génétique métabolique au NHGRI.
Ces travaux font suite à une autre étape récente, l’approbation par l’Agence américaine FDA du premier traitement de la progéria, un médicament appelé lonafarnib. Le traitement médicamenteux permet de prolonger la vie, mais n'est pas curatif, au contraire de l'édition de gènes, qui peut apporter une véritable option de traitement.
Une nouvelle fonction « recherche et remplacement » dans l’édition de gènes : «L'édition du génome CRISPR, bien que révolutionnaire, ne peut pas encore apporter des modifications précises à l'ADN dans de nombreux types de cellules. La technique d'édition de base développée dans cette étude est comparable à la fonction « recherche et remplacement » dans un traitement de texte. Elle est extrêmement efficace pour convertir une paire de bases en une autre, ce qui peut être un outil puissant pour traiter une maladie comme la progéria.
Une preuve in vitro et in vivo :
- testée sur des cellules de patients en laboratoire, le traitement a permis de corriger la mutation dans 90% des cellules ;
- une seule injection intraveineuse du mélange d'édition d'ADN à près d'une douzaine de souris modèles a réussi à restaurer la séquence d'ADN normale du gène «LMNA» dans un pourcentage significatif de cellules et dans différents organes, y compris le cœur et l'aorte ;
- de nombreux types de cellules de souris présentaient toujours la séquence d'ADN corrigée 6 mois après le traitement et la durée de vie des souris traitées est passée de 7 mois à 1,5 an.
« En fin de compte, notre objectif sera d'essayer de développer cette technologie pour les humains, mais il y a d'autres questions clés que nous devons d'abord aborder et résoudre dans ces systèmes modèles ».
Source: Nature 06 January 2021 DOI : 10.1038/s41586-020-03086-7 In vivo base editing rescues Hutchinson–Gilford progeria syndrome in mice
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