A l’heure des confinements et autres couvre-feux, les applications de rencontre constituent probablement le moyen le plus efficace de briser la solitude. Mais rencontrer un partenaire via une app mobile, n’est-ce pas déjà sacrifier une partie de la sentimentalité et du romantisme de la rencontre amoureuse ? Cette équipe de psychologues de l’Université de Genève (UNIGE) se pose ici la question et apporte de premières réponses dans la revue PLoS ONE : une première analyse plutôt positive et qui accorde aux applications un bénéfice imprévu : ce nouveau mode de rencontre favorise aussi la formation de couples plus « inattendus ».
Ainsi, les apps de rencontres ne détruisent pas l'amour, écrivent les chercheurs dans leur communiqué. Si ces apps mobiles ont certainement bouleversé les modes de rencontre, si certains utilisateurs « en série » peuvent être assimilés à des « collectionneurs », si certains craignent un impact négatif sur la qualité des relations en rendant les gens incapables de s'investir dans une histoire d'amour exclusive ou à long-terme, jusqu'ici, aucune étude n’a révélé un impact négatif de ces nouveaux modes de rencontre. Cette enquête menée en Suisse apporte une photographie plutôt sympathique et harmonieuse des couples qui se sont formés grâce à ces apps.
Internet a transformé profondément les dynamiques de rencontre, en bien ou en mal ?
Le contexte virtuel semble favoriser la cohabitation réelle : L’analyse des données de l’enquête de l'Office fédéral de la statistique, de 3.235 adultes, participant à actuellement en couple et ayant rencontré leurs partenaires au cours de ces 10 dernières années, révèle :
- un désir de cohabitation des couples issus de ces rencontres virtuelles, plus fort que chez les couples formés dans la vraie vie ;
- une envie de conception plus fréquente chez les partenaires femmes de ces couples ;
- un même niveau de satisfaction de la relation de couple, chez ces couples que chez les autres ;
- enfin, ces applications jouent un rôle important dans la composition des couples, en diversifiant les critères des partenaires, en particulier en ce qui concerne les niveaux d’études. En d’autres termes, les apps permettent la formation de couples plus variés, moins « homogènes ».
L’auteur principal, estime Gina Potarca, chercheuse à l'UNIGE, résume ainsi ces résultats : « Internet a profondément modifié la formation et la composition couples, en permettant une abondance d'opportunités sans précédent, à moindre effort et sans intervention de tiers ». Alors que les sites de rencontre attirent principalement les personnes de plus de 40 ans et/ou divorcées, les applications, qui « normalisent » la rencontre amoureuse attirent des classes d’âge plus jeunes de la population.
A rencontre « normalisée », quelle durabilité du couple ? Lorsque les chercheurs comparent les intentions des couples qui se sont formés grâce aux apps de rencontre à celles des couples qui se sont rencontrés dans la vraie vie, ils découvrent des intentions plus marquer de cohabiter et de fonder une famille : « L'étude ne dit pas si ce souhait de cohabitation vaut sur le long ou le court terme mais les femmes se disent motivées par l'envie d'avoir des enfants, et ceci plus qu'avec tout autre moyen de rencontre ». Enfin, ces couples se déclarent tout aussi heureux de leur vie et de la qualité de leur relation avec leur partenaire.
Sans doute faudra-t-il laisser s’écouler quelques années pour regarder comment ont évolué ces « nouveaux couples » mais dans l’attente, pendant ces périodes de confinement et de distanciation sociale, on ne peut que considérer avec bienveillance ces nouveaux modes de rencontres.
Source: PLoS ONE September 11, 2020 DOI : 10.1371/journal.pone.0238501 Mobile sex-tech apps: How use differs across global areas of high and low gender equality
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