Cette revue des dernières études publiées sur le nouveau coronavirus est très critique sur l’organisation des mesures barrières en France et dénonce en particulier les faiblesses du programme de tests, notamment à l’issue du premier confinement. Cet article, publié dans la revue Nature (Rubrique « News ») met en avant la proportion élevée de cas français de COVID-19 ayant échappé à la détection plus tôt dans la période pandémique à la fois par manque de tests ciblés et par réticence à aller consulter ou « se faire dépister ».
Les rédacteurs citent une étude (2) menée par des experts en modélisation des maladies infectieuses de l’INSERM/Sorbonne et du Tokyo Institute of Technology, entre autres instituts, qui suggère que durant les semaines qui ont suivi la fin du premier confinement en France, pour 1 cas confirmé par test, 9 personnes présentant des symptômes du COVID-19 n'auraient pas été détectées. Ainsi, la modélisation de la transmission du COVID-19 en France entre mi-mai et fin juin estime que 90.000 personnes atteintes et symptomatiques n’auraient pas été détectées. C’est aussi la preuve, ajoutent les auteurs, qu'un faible taux de tests positifs n'équivaut pas forcément à un taux élevé de cas détectés.
La stratégie de tests, critique pour éviter une troisième vague.
Une réticence française à consulter et à se faire tester : les résultats de la même étude (2) suggèrent aussi que de nombreux Français présentant des symptômes du COVID-19 n'auraient pas consulté, demandé de l’aide ou un test diagnostique. Ainsi, selon les données de surveillance, seulement 31% des personnes présentant des symptômes de type COVID-19 ont consulté un médecin au cours de la période d'étude. « Cela suggère qu'un grand nombre de cas symptomatiques de COVID-19 n'ont pas consulté en dépit des recommandations ». Les chercheurs soulignent la nécessité d’inciter à la recherche de soins le jour même de l’apparition des symptômes afin d’améliorer la détection. « Des tests beaucoup plus ciblés et efficaces avec un accès plus facile sont nécessaires pour lutter contre la pandémie ».
Une efficacité marginale du confinement : un peu plus en faveur de la stratégie actuelle française- une étude (3) d’une équipe de l'Université d'Oxford, a modélisé le nombre de nouvelles infections par le SRAS-CoV-2 dans 41 pays entre le 22 janvier et le 30 mai et examiné la mise en œuvre de 7 mesures anti-transmission les plus courantes. Cette modélisation estime que le confinement n’aurait en réalité qu’une efficacité marginale pour freiner COVID-19. L’analyse identifie 3 mesures qui réduisent en revanche chacune considérablement la transmission virale :
- la fermeture des écoles et des universités,
- la limitation des rassemblements à 10 personnes maximum,
- la fermeture des entreprises et le télétravail.
Le confinement n’aurait apporté qu'un avantage marginal. Ainsi, dans les pays qui ont fermé les écoles, les entreprises et restreint les rassemblements,
« le confinement n'a guère fait plus pour réduire la transmission ».
En synthèse, on retiendra la nécessité de mettre en œuvre une politique de tests plus agressive et plus efficace, mieux ciblées sur les personnes suspectées ou à risque plus élevé d'infections.
Sources:
- Nature 21 December 2020 COVID research updates: How 90% of French COVID cases evaded detection
- Nature 21 December 2020 DOI : 10.1038/s41586-020-03095-6 Underdetection of COVID-19 cases in France threatens epidemic control
- Science 15 Dec 2020 DOI: 10.1126/science.abd9338 Inferring the effectiveness of government interventions against COVID-19
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