La découverte de ces « particules mystérieuses » qui se détachent des cellules immunitaires, par cette équipe d’immunologues du La Jolla Institute, révèle toute l’importance de comprendre comment les cellules immunitaires évoluent au cours d'une maladie. Cette première caractérisation de particules « jamais identiées auparavant dans le sang » des patients septiques, développée dans le Journal of Experimental Medicine, va, selon les chercheurs, peut-être aider au diagnostic du sepsis, et plus probablement révéler des secrets sur l'évolution du système immunitaire.
« Nous avons trouvé une nouvelle particule dans le corps humain qui n'avait jamais été décrite auparavant ! », explique l'auteur principal, le Dr Alex Marki, « ce n'est pas quelque chose qui arrive tous les jours ». Ces particules, nommées « ENDS » pour elongated neutrophil-derived structures ou structures allongées dérivées des neutrophiles (ENDS), se détachent des cellules immunitaires et changent de forme au fur et à mesure qu'elles se déplacent dans le corps.
ENDS, ou d’étranges particules
Les particules en question sont tout à fait spécifiques : elles ne sont pas détectables chez les personnes ou chez les souris en bonne santé. Cependant, elles sont présentes à niveau très élevés en cas de septicémie, et pourraient l’être également dans d'autres maladies inflammatoires.
L’équipe étudiait au départ les neutrophiles, un type de cellule immunitaire qui se déplace dans la circulation sanguine et se glisse dans les tissus pour combattre les infections. Précisément, les scientifiques regardaient, chez des souris modèles, comment les neutrophiles s’attachent à la paroi des vaisseaux sanguins. C’est alors qu'ont été découvertes ces structures allongées dérivées des neutrophiles ou ENDS.
Du neutrophile à l’END : les chercheurs ont alors développé de nouvelles techniques pour étudier comment les ENDS se forment et se dégradent et pour les détecter dans le plasma sanguin humain et murin. Grâce à des techniques d'imagerie sophistiquées, l'équipe constate alors qu'au fur et à mesure que les neutrophiles se déplacent, leurs attaches deviennent de plus en plus longues. Finalement, elles deviennent trop minces (150 nanomètres environ) et cette structure se rompt au milieu, une partie restant attachée au neutrophile, l’autre partie dérivant dans la circulation sanguine, pour former une « END ».
Les ENDS s'enroulent alors contre la paroi du vaisseau jusqu'à prendre une forme arrondie. Les ENDS restent là un certain temps puis commencent à mourir. Ces ENDS sécrètent des molécules de signalisation révélatrices qui favorisent l'inflammation.
Les ENDS sont environ 100 fois plus détectables chez les patients septiques : une septicémie peut survenir lorsque le système immunitaire réagit de manière excessive à une infection en inondant le corps de produits chimiques dangereux. Au lieu de simplement combattre l'infection, ces produits chimiques provoquent des dommages aux organes lorsqu'ils traversent la circulation sanguine. Le taux de mortalité par «choc» septique est de 30%. Les ENDS jouent très probablement un rôle dans ce choc, et les chercheurs espèrent en savoir plus, à partir de l’analyse d'un plus grand nombre échantillons de sang de patients septiques.
Les ENDS pourront peut-être servir de biomarqueur pour la détection précoce du sepsis, mais aussi livrer quelques secrets sur l'évolution du système immunitaire.
Source : Journal of Experimental Medicine December 04 2020 DOI : 10.1084/jem.20200551 Elongated neutrophil-derived structures are blood-borne microparticles formed by rolling neutrophils during sepsis
Lire aussi : SEPTICÉMIE : Un nouveau test de diagnostic rapide
Laisser un commentaire