La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), une cause majeure de cécité chez les personnes âgées, mobilise fortement la recherche et bénéficie de progrès constants en matière de traitement. Cette équipe d’ophtalmologistes du Massachusetts General Hospital (MGH) apporte à son tour, dans la revue eLife, de nouvelles connaissances qui pourraient stimuler le développement de traitements encore plus performants, ciblant « l'inflammasome ».
La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) «humide» est l'une des causes les plus courantes de perte de vision irréversible chez les personnes âgées, et elle survient lorsque des vaisseaux sanguins anormaux et qui fuient dans la rétine, en partie à cause de l'inflammation.
Il existe aujourd’hui un traitement de la DMLA par injection intravitréenne d'agents anti-facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (anti-VEGF) qui va bloquer l’angiogenèse anormale dans l'œil et contribue ainsi à prévenir la perte de vision associée à la maladie. La thérapie a révolutionné le traitement de cette forme agressive de DMLA. Cependant, un patient sur 4 traités par anti-VEGF ne répond pas au traitement et près d’1 tiers des patients qui répondent développent une résistance au traitement, au fil du temps.
Plus récemment, des équipes de recherche ont donc commencé à travailler à surmonter la résistance à l’anti-VEGF.
Cette nouvelle recherche menée par des chercheurs du Massachusetts General Hospital (MGH) révèle aujourd’hui de nouvelles données sur les facteurs possibles de la maladie qui pourraient être ciblés par de nouvelles stratégies de prévention ou de traitement.
Mieux comprendre les causes, pour traiter à la racine
2 voies inflammatoires qui impliquant le système du complément (un composant du système immunitaire) et un complexe protéique (également composant du système immunitaire) appelé inflammasome (qui, comme son nom l'indique, déclenche l'inflammation) favorisent la formation de ces vaisseaux sanguins anormaux caractéristiques de la DMLA humide. Mais comment ces 2 voies sont-elles activées dans la maladie ? De précédentes études ont néanmoins suggéré que l'inflammasome peut être activé par une protéine appelée NLRP3, présente principalement dans l'épithélium pigmentaire rétinien de l'œil (une couche cellulaire qui sépare la couche vasculaire de l'œil de la rétine).
NLRP3 et d’autres protéines en cause…Via des expériences menées sur un modèle murin de DMLA humide, l'équipe de Boston montre que l'activation de l'inflammasome par NLRP3 se produit principalement dans les cellules appelées macrophages et microglies, mais pas dans l'épithélium pigmentaire rétinien. Les scientifiques montrent également que d’autres protéines autres que NLRP3 peuvent conduire à l'activation de l'inflammasome et à l'aggravation de la DMLA humide.
Cibler NLRP3 mais aussi les autres protéines en cause : c’est ce que suggèrent ces scientifiques, au vu de leurs résultats : « dans la DMLA humide, il pourrait en effet être bénéfique de bloquer les protéines nécessaires à l’activation de l’inflammasone, indépendamment de NLRP3 », soutient l’auteur principal, le Dr Alexander G. Marneros, chercheur en biologie cutanée au MGH et professeur agrégé de dermatologie à la Harvard Medical School.
Bloquer l’inflammasome dans la DMLA humide : si de précédentes études ont plutôt mis en cause l'activation du système du complément, avant l'activation de l'inflammasome, cette étude chez la souris révèle que l'inflammation est préalablement induite par l'inflammasome et révèle les rôles et contributions spécifiques des inflammasomes NLRP3, des inflammasomes non NLRP3 et du système du complément. Ces découvertes suggèrent de nouvelles thérapies qui contribuent à mieux bloquer l'inflammation induite aussi par l'inflammasome :
« Une approche thérapeutique combinée qui bloque ces deux voies inflammatoires aura probablement des effets synergiques sur la diminution des symptômes de la DMLA humide. Ainsi, nos découvertes dans ce modèle murin peuvent avoir une pertinence clinique importante pour de nouvelles thérapies ».
Source: eLife 11 Dec, 2020 DOI : 10.7554/eLife.60194 Distinct effects of complement and of NLRP3- and non-NLRP3 inflammasomes for choroidal neovascularization
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