Les études épidémiologiques sur les comportements favorables à la santé sont rares, pourtant elles ont leur intérêt : celui, dans le cas présent de rappeler que dans certains pays européens, comme la France, les exercices de renforcement musculaires, qui devraient être pratiqués à tout âge, ne sont effectués que par une très modeste minorité. Cette comparaison de la pratique de la « muscu » dans 28 pays livre ainsi de très larges disparités dans la pratique de l’exercice et plus largement dans les modes de vie.
L’étude a évalué, pour chaque pays, la proportion d’adultes de 18 ans et plus qui pratiquent l’exercice de renforcement musculaire 2 fois ou plus par semaine. L’exercice de renforcement musculaire étant défini un entraînement physique visant spécifiquement à renforcer les muscles, dont l’utilisation d'appareils de musculation, le lever de poids, les pompes… Tous ces exercices de renforcement musculaire ont de grands avantages pour la santé, soulignent les chercheurs (prévention de la sarcopénie, maintien de l’équilibre, préservation de l’autonomie…).
Prévalence et corrélats des exercices de renforcement musculaire en Europe
Les chercheurs de l’University of Southern Queensland (Australie) analysent ici les données de l'Enquête européenne sur la santé, vague 2 (2013-2014), qui comprenait des échantillons représentatifs au niveau national pour 28 pays européens. La pratique d’exercices de renforcement musculaire a été évaluée à l'aide du questionnaire sur l'activité physique de l'enquête européenne sur la santé.
- La pratique était considérée comme insuffisante avec 0 à 1 séance/ semaine,
- Suffisante à partir de 2 séances/ semaine).
Les chercheurs ont ensuite évalué les prévalences d’une pratique « suffisante » par pays et par caractéristiques sociodémographiques / de mode de vie (sexe, âge, éducation, revenu, état de santé auto-évalué, etc.).
L’analyse a porté au total sur les données de 280.605 adultes européens âgés de 18 ans ou plus.
- 17,3% signalent une pratique de l’exercice de renforcement musculaire suffisante (≥ 2 jours / semaine) ;
- la plus faible prévalence de pratique suffisante est signalée dans les pays d'Europe du Sud-Est (Roumanie, Malte et Chypre : prévalence de 0,7% à 7,4%),
- la prévalence la plus élevée de pratique suffisante est signalée dans les pays nordiques (Islande, Suède et Danemark : prévalence de 34,1% à 51,6%) ;
- un âge plus avancé, une activité aérobique généralement insuffisante, une santé autoévaluée plus mauvaise, un niveau de revenus et/ou d’études plus faible, le fait d'être une femme et le surpoids ou l’obésité sont significativement associés à une probabilité plus faible de pratiquer suffisamment les exercices de renforcement musculaire, indépendamment des autres caractéristiques.
En conclusion, nous ne pratiquons pas suffisamment « la muscu ». Une faille mais un facteur « évitable » qui « mérite une attention en Santé publique ».
Source: PLoS ONE November 25, 2020 DOI : 10.1371/journal.pone.0242220 The epidemiology of muscle-strengthening exercise in Europe: A 28-country comparison including 280,605 adults
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