Avoir des enfants et les regarder grandir peut parfois renforcer l'impression de vieillir. Cependant cette étude d’une équipe de la Penn State documente plutôt l’hypothèse inverse : l’étude montre que le nombre des enfants, et précisément le nombre d’accouchements peut a contrario gommer ce sentiment et réduire le processus de vieillissement. Cette analyse de plusieurs mesures du vieillissement, publiée dans les Scientific Reports, conclut que les femmes qui ont mis au monde peu de bébés semblent avoir vieilli plus rapidement que les femmes qui ont accouché 3 ou 4 fois. Cependant, ces effets ne sont flagrants…qu'après la ménopause.
Ce n'est pas la première fois que la corrélation entre la fécondité et la longévité est étudiée. Une étude récente suggérait ainsi que l'âge maternel tardif au moment de l'accouchement est positivement associé à la longévité maternelle. Une analyse des données de la Long Life Family Study a même conclu qu'une longévité parmi les 20% les plus élevées est 2 fois fréquente chez les femmes ayant eu leur dernier enfant après l'âge de 33 ans. Certains facteurs associés au taux réduit de vieillissement et à la longévité, comme la longueur des télomères, sont associés à cet âge maternel tardif, pour le dernier enfant.
La grossesse et l'accouchement dérégulent plusieurs systèmes physiologiques
Reproduction, santé et longévité : « Cette dérégulation pourrait ainsi affecter le vieillissement après la ménopause », explique l’auteur principal, Talia Shirazi, doctorante en anthropologie biologique à la Penn : « cette hypothèse est cohérente avec les changements métaboliques, immunologiques et endocrinologiques qui se produisent dans le corps pendant la grossesse et l'allaitement, tout comme les risques de maladies qui sont associés à la grossesse et à la reproduction en général ».
La grossesse et l'allaitement mobilisent une grande quantité d'énergie du corps et peuvent affecter plusieurs de ses systèmes, dont la fonction immunitaire, le métabolisme et la tension artérielle, entre autres. Les femmes qui ont accouché ont ainsi un risque accru de décès du diabète, de maladie rénale et d’hypertension, entre autres conditions, que les femmes qui n’ont jamais accouché. Cependant, comment le corps équilibre ces « coûts de reproduction » et comment ils affectent le vieillissement reste une question posée.
Un compromis entre reproduction et vieillissement ? « Nous pensons qu'il se passe quelque chose, une sorte de compromis, entre le vieillissement et la reproduction. Un équilibre qui a du sens d'un point de vue de la biologie évolutive, car si vous dépensez de l'énergie pendant la grossesse et l'allaitement, vous n'avez probablement pas autant d'énergie à consacrer au maintien et à la défense physiologiques ».
La preuve chez 4.418 participants à l’étude NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey) : la mesure de différents indicateurs de vieillissement biologique montre une relation en U entre le nombre de naissances vivantes et le vieillissement biologique.
Les hormones ovariennes pourraient être protectrices contre certains processus néfastes au niveau cellulaire qui pourraient accélérer le vieillissement. Il serait possible que chez les femmes pré-ménopausées l'effet des hormones amortisse l'effet négatif possible de la grossesse et de la reproduction sur l'accélération biologique de l'âge.
Source: Scientific Reports 25 November 2020 DOI : 10.17605/OSF.IO/B2JFT Parity predicts biological age acceleration in post-menopausal, but not pre-menopausal, women
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