Il s'agit de la première étude qui examine précisément le microclimat à l'intérieur d'une voiture, les flux d'air intérieur et comment ces flux d'air peuvent affecter le risque de transmission du COVID-19. Menée par un groupe de recherche multidisciplinaire de l’Université Brown -qui travaille sur des aspects très variés de la pandémie-, cette étude, présentée dans la revue Science Advances, apporte aussi quelques recommandations pour limiter les risques tout en poursuivant ses trajets avec ses proches.
L’auteur principal, le Dr. Jeffrey Bailey, professeur agrégé de pathologie et de médecine et son équipe, analysent ici les modes possibles et le risque de transmission du SRAS-CoV-2 et d'autres agents pathogènes aéroportés ou « aérosolisés » à l’intérieur d’une voiture, à l’aide de modèles informatiques simulant ces flux dans les différentes situations et combinaisons de fenêtres ouvertes ou fermées.
Ouvrir les fenêtres !
Plus l’aération du véhicule est importante, moins le risque de transmission est élevé : comme c’est la recommandation pour toutes les situations en lieu clos, l'ouverture des fenêtres et les flux d'air qui en résultent permettent de réduire considérablement la concentration de particules en suspension échangées entre un conducteur et un passager par exemple. Ce n’est pas le cas du système de ventilation de la voiture, qui ne permet pas de faire circuler l'air aussi bien que l'ouverture des fenêtres.
Une partie de l’explication de l’efficacité de l'ouverture des fenêtres est qu'elle augmente -selon les variables du modèle- le nombre de changements d'air par heure à l'intérieur de la voiture, ce qui contribue à réduire la concentration globale d'aérosols. Mais cette variable de risque n’intervient que pour une partie du résultat, précisent les chercheurs : la modélisation suggère en effet que différentes combinaisons de fenêtres ouvertes créent différents courants d'air à l'intérieur de la voiture qui peuvent augmenter ou diminuer l'exposition aux aérosols contaminés.
Vitres avant ou vitres arrières ? « Les deux », constituent le scenario optimal : en raison de la façon dont l'air circule à l'extérieur de la voiture, la pression de l'air près des vitres arrière a tendance à être supérieure à la pression au niveau des vitres avant. En conséquence, l'air a tendance à pénétrer dans la voiture par les vitres arrière et à sortir par les vitres avant. Avec toutes les fenêtres ouvertes, cette tendance crée deux flux plus ou moins indépendants de part et d'autre de la cabine. Étant donné que les occupants des simulations étaient assis de part et d'autre de la cabine, très peu de particules finissent par être transférées entre les deux. Le conducteur dans ce scénario court un risque légèrement plus élevé que le passager car le flux d'air moyen dans la voiture va de l'arrière vers l'avant, mais les deux occupants subissent un transfert de particules considérablement inférieur par rapport à tout autre scénario.
Les simulations ou configurations (Voir visuel ci-contre) dans lesquelles certaines fenêtres, mais pas toutes, sont abaissées, donnent des résultats parfois contre-intuitifs. Par exemple, l'ouverture des fenêtres directement à côté de chaque occupant est meilleure que la fermeture des fenêtres mais est associée à un risque d'exposition plus élevé que l’ouverture de la fenêtre située à l’arrière de chaque occupant.
Conduire avec les fenêtres fermées et le chauffage en marche est le pire des scénarios : les simulations concluent en effet que l’idéal serait d'ouvrir les 4 fenêtres, mais qu’en ouvrir 1 ou 2 réduit déjà considérablement le risque.
Il n’existe aucun moyen d'éliminer complètement le risque : sauf à respecter à la lettre les recommandations actuelles, soit reporter tous ses déplacements et rester à la maison…
Les flux d’air sont donc des facteurs de transmission/prévention possibles, cependant ils ne remplacent pas le port du masque par les 2 occupants d'une voiture. Et mieux faut-il rappeler qu’il vaut mieux ne pas être trop nombreux, lorsque c’est possible, à l’intérieur du véhicule.
Source: Science Advances 04 Dec 2020 DOI: 10.1126/sciadv.abe0166 Airflows inside passenger cars and implications for airborne disease transmission
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