Une souris qui fait de l’anosmie et développe les autres symptômes de COVID-19, ce n’est pas anecdotique. Ce modèle animal, nommé K18-hACE2 développé par des chercheurs de l'Université de l'Iowa (UI) promet, dans la revue Nature, d’être un outil inestimable pour comprendre la maladie et pour tester les traitements possibles.
Au tout début de l’épidémie COVID-19, les Drs Stanley Perlman et Paul McCray ont réalisé qu'un modèle de souris qu'ils avaient créé une décennie plus tôt pour étudier le SRAS pourrait être un outil inestimable. En effet, ce modèle peut développer des symptômes à la fois de la forme sévère de COVID-19 tels que des lésions pulmonaires, des caillots sanguins, des anomalies vasculaires voire le décès, mais aussi les symptômes de formes plus légères la perte de l'odorat ou anosmie. Enfin, le modèle a déjà permis de valider l’efficacité de certaines thérapies comme le plasma de convalescence.
Une souris modèle pour cerner le spectre de symptômes de COVID-19
L’équipe caractérise de manière détaillée les effets de l'infection par le SRAS-CoV-2 chez ces souris K18-hACE2. L'infection par une dose élevée du virus a produit de nombreux symptômes similaires à ceux observés chez les personnes atteintes de COVID-19 sévère : « notre souris développe une maladie pulmonaire assez robuste qui se situe à l'extrémité sévère du spectre. Cela nous donne l'occasion d'étudier ce qui se passe sur le plan pulmonaire avec COVID. Mais aussi en cas de vascularite, ce qui est inhabituel pour les infections à coronavirus, cependant, nous constatons également que les souris peuvent développer des signes de vascularite dans le foie, les poumons et le cerveau ».
Les souris infectées perdent aussi leur odorat : l’effet, également connu sous le nom d'anosmie, est observé chez une grande proportion de patients COVID-19, mais reste mal compris. Les souris modèles permettent de constater que l'anosmie résulte d'une infection initiale et de dommages à un type de cellules qui soutient la fonction des neurones sensoriels voisins « détecteurs d’odeur ».
Les souris peuvent être traitées par plasma de convalescence : l’étude montre que les souris K18-hACE2 traitées avec du plasma de convalescence puis infectées par le SRAS-CoV-2 n'ont pas succombé à l'infection mais, comme de nombreux patients infectés atteints d'une maladie bénigne, présentaient une perte d'odorat.
K18-hACE2 va donc permettre aux scientifiques d'en apprendre davantage sur la façon dont l’infection progresse et les symptômes se développent et donc à terme de mieux traiter les patients.
K18-hACE2 est aujourd’hui accessible aux différentes équipes de recherche -qui doivent s'adresser aux Jackson Laboratories.
Source: Nature 09 November 2020 DOI : 10.1038/s41586-020-2943-z COVID-19 treatments and pathogenesis including anosmia in K18-hACE2 mice
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