Les anti-TNF utilisés pour traiter les patients atteints de maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) ne fonctionnent pas toujours ; cette étude du Saban Research Institute at Children's Hospital Los Angeles, publiée dans les Cell Reports, nous explique pourquoi : le TNF (Tumour Necrosis Factor) provoque une inflammation dans les intestins, mais semble également jouer un rôle protecteur, en particulier au début de la vie. Il ne s’agit donc pas de l’inhiber, purement et simplement.
La maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MICI), -principalement la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique- touche plus de 10 millions de personnes dans le monde et 250.000 en France. La MICI touche aussi des enfants, plus de 70.000 enfants aux États-Unis, lieu de l’étude. Sa prévalence est en augmentation et l’on estime qu’un cas sur 4 environ est âgé de moins de 21 ans. Il n’existe pas de traitement définitif et les anti-TNF constituent une dernière ligne de médicaments qui bloquent une molécule, le facteur de nécrose tumorale (TNF), responsable de l’inflammation dans les intestins. Cependant, la thérapie anti-TNF ne fonctionne pas pour de nombreux patients.
Le « double jeu » du TNF et de son récepteur dans la santé intestinale.
Comprendre le rôle exact du TNF pourra permettre de développer des traitements plus efficaces pour les patients atteints de MICI et notamment pour les enfants atteints dont la croissance même peut être compromise par la maladie. En général, les patients ont souvent des taux élevés de TNF dans leur circulation sanguine et leurs intestins. Or, l’expression accrue du TNF est l'une des premières réponses du corps à une infection ou à une blessure, explique l’auteur principal, le Dr D. Brent Polk :
Avec les anti-TNF, les patients montrent d'abord une amélioration, mais ensuite le traitement cesse de fonctionner. Curieusement, certains enfants développent même une MICI lorsqu'ils reçoivent un traitement anti-TNF pour une affection non liée, telle que l'arthrite juvénile. Pourquoi ? L’équipe montre ici que dans toute une gamme de niveaux, le TNF contribue aussi à la santé intestinale. Ainsi,
- la signalisation du TNF conduit à une inflammation ;
- le blocage du récepteur du TNF dans un modèle préclinique de MICI conduit cependant à une colite précoce ;
- bloquer le TNF purement et simplement n’est donc pas la solution, c’est l’équilibre des bons niveaux de TNF qu’il faut viser ;
- de plus, le moment de la signalisation du TNF et quels récepteurs sont activés au cours du développement semblent également plus importants que les niveaux de la molécule inflammatoire.
« La signalisation de TNF n’est ni bonne, ni mauvaise, c’est plus compliqué que cela : le TNF provoque une inflammation dans les intestins, mais joue également un rôle protecteur, en particulier au début de la vie ».
Source: Cell Reports October 20, 2020 DOI : 10.1016/j.celrep.2020.108275 TNF Receptor 1 Promotes Early-Life Immunity and Protects against Colitis in Mice
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