Cette équipe de chirurgiens-dentistes de l’Université de Toronto éclaire, avec cette étude, le mécanisme qui lie les maladies des gencives aux maladies cardiaques et à d'autres conditions inflammatoires. Si la corrélation entre la maladie des gencives et la maladie cardiaque est aujourd’hui bien établie, la recherche, publiée dans le Journal of Dental Research, est la première à identifier un facteur clé dans ce lien très documenté mais toujours mal compris.
Le mécanisme derrière cette association est resté jusqu'à présent un mystère. Cette équipe de scientifiques et de cliniciens de l'Université de Toronto invoque la propre réponse immunitaire hyperactive du corps : une activation « excessive » des neutrophiles, des cellules immunitaires ou globules blancs formerait une réponse inflammatoire hyperactive expliquant l’évolution de la maladie parodontale vers la maladie cardiaque.
La santé bucco-dentaire est un indicateur et un facteur important de la santé globale
C’est un fait également bien établi. « De même, les corrélations statistiquement significatives entre la parodontite et les maladies systémiques allant du diabète aux maladies cardiovasculaires », rappelle l’auteur principal, Howard Tenenbaum, professeur à l'Université de Toronto et dentiste au Sinai Health Systems. Pour comprendre les raisons de cette corrélation, les chercheurs se sont concentrés sur les comportements des cellules activées par les maladies des gencives : les neutrophiles, des cellules du système immunitaire inné. Sur des modèles in vivo, les chercheurs constatent que le système immunitaire libère une grande abondance de ces neutrophiles lorsqu’il s’agit de lutter contre les infections bactériennes responsables de la parodontite.
Un effet systémique en réponse à infection buccale : une fois l'inflammation parodontale présente, des neutrophiles circulent en grande quantité, prêts à l'attaque. La réponse immunitaire est alors excessive à toute infection secondaire. « C’est comme si les globules blancs étaient déjà « en seconde » alors qu'ils devraient être toujours en première ».
Le corps devient vulnérable aux conditions inflammatoires secondaires : le système immunitaire déjà sur le « qui-vive » amène les neutrophiles à détruire les tissus et organes affectés. Ces neutrophiles libèrent des cytokines beaucoup plus rapidement, ce qui entraîne des résultats néfastes- confirmés ici sur un modèle in vivo puis par essai clinique contrôlé.
Les résultats soulignent à nouveau l'importance de la santé buccodentaire en tant qu'indicateur mais aussi facteur de complications inflammatoires.
L'hygiène bucco-dentaire peut avoir un véritable impact sur la vulnérabilité à des problèmes de santé, ajoute Noah Fine, co-auteur et chercheur postdoctoral :
« l'amorçage des neutrophiles dans tout le corps peut relier des conditions apparemment distinctes ».
Des implications pour COVID-19 : les auteurs alertent sur le fait (et citent des preuves confirmant) que les patients atteints de maladie parodontale peuvent être beaucoup plus sensibles aux complications de la maladie COVID-19. Pourquoi ?
« Les neutrophiles sont les cellules les plus susceptibles de provoquer des tempêtes de cytokines. Et ce sont justement ces cellules immunitaires qui sont amorcées chez les patients atteints de maladie parodontale ».
Source: Journal of Dental Research October 20, 2020 DOI : 10.1177/0022034520963710Periodontal Inflammation Primes the Systemic Innate Immune Response
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