8 millions de patients diagnostiqués dans le monde, probablement 15 millions en 2050 en raison du vieillissement de la population, ce sont les dernières données épidémiologiques concernant la maladie de Parkinson. Une maladie qui, notamment en raison de sa très large prévalence va nécessiter des traitements non seulement efficaces mais mieux ciblés. C’est l’axe de cette étude majeure de l'Université d'Aarhus (Danemark) qui identifie 2 types bien distincts de « Parkinson » et incite, dans la revue Brain, à une prise en charge plus personnalisée.
Car la maladie de Parkinson n'est pas une mais deux maladies, commençant soit dans le cerveau, soit dans les intestins. Une « nouvelle » hypothèse qui contribue aussi à expliquer pourquoi les patients atteints décrivent des symptômes parfois très différents. Ces travaux suggèrent, comme pour de nombreuses maladies chroniques largement prévalentes une « médecine personnalisée ou de précision ».
“Brain-first versus body-first Parkinson’s disease”, écrivent ces chercheurs
Cette étude dirigée par le Pr Per Borghammer et le Dr Jacob Horsager du département de médecine de l'université d'Aarhus suit de récentes recherches portant sur l’axe intestin-cerveau et ayant déjà suggéré que la maladie pourrait aussi se déclencher dans les intestins avant de « gagner le cerveau ». On sait que la maladie de Parkinson se caractérise par une lente détérioration du cerveau due à l'accumulation d'alpha-synucléine, une protéine qui endommage les cellules nerveuses. Cela conduit à des troubles moteurs et à une raideur chez de nombreux patients.
À l'aide de techniques d’imagerie avancées, PET scan et IRM, l’équipe montre, chez des participants n’ayant pas encore reçu le diagnostic mais à risque élevé, que la maladie de Parkinson peut être caractérisée en 2 variantes, qui commencent à différents sites du corps :
- pour certains patients, la maladie commence dans les intestins et se propage des intestins au cerveau,
- pour d'autres, la maladie prend naissance dans le cerveau et se propage aux intestins et à d'autres organes comme le cœur.
- Une découverte primordiale pour le traitement de la maladie car la prise en charge devrait être adaptée à chaque type de maladie, à son évolution, et à chaque patient.
Cerveau ou intestin « first » ? L’analyse montre en effet que certains patients présentent des dommages au système dopaminergique du cerveau avant l’apparition de dommages aux intestins et au cœur. Cependant, chez d'autres patients, des scans révèlent des dommages aux systèmes nerveux des intestins et du cœur bien avant que les dommages au système dopaminergique du cerveau ne soient visibles.
Jusqu'à présent, on considérait la maladie comme relativement homogène et on la caractérisait principalement par ces troubles du mouvement. Pourtant, les patients parkinsoniens présentent des symptômes très divers. Ces nouvelles connaissances contribuent à expliquer cette symptomatologie.
D’autres recherches doivent être entreprises ; pour étudier la composition du microbiote, notamment, dans la variante « body-first ». En se concentrant sur les facteurs génétiques, pour la variante « brain-first » ?
En fin de compte, la maladie de Parkinson body-first pourrait peut-être être traitée par transplantation fécale ou autres thérapies microbiotiques ?
« Nous avons maintenant des connaissances qui offrent l'espoir d'un traitement meilleur et plus ciblé de la maladie ».
Source : Brain Brain-first versus body-first Parkinson’s disease: a multimodal imaging case-control study
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