L’objectif de cette équipe de pédiatres de l’Université de Cincinnati (UC) est de parvenir à éliminer toute exposition des enfants à la fumée du tabac : « Il s'agit de mettre enfin en œuvre des interventions d’éducation à la santé et de prévention en particulier vis-à-vis des groupes de population les plus vulnérables afin d'apporter un contexte plus positif au développement et à la santé de l'enfant ; ainsi qu’à la santé de sa famille ». En révélant l’incidence élevée des hospitalisations pédiatriques en raison de l’exposition à la fumée secondaire, ces chercheurs « font le job », dans la revue Pediatric Research.
En synthèse, la recherche révèle que les enfants exposés au tabagisme passif ont les taux les plus élevés d'hospitalisation, et en particulier en services des Urgences avec la nécessité d’un soutien respiratoire par ventilation et par traitement médicamenteux.
Un phénomène attendu mais d’une ampleur dramatique
Cette étude « révolutionnaire » a comparé 380 enfants exposés à la fumée du tabac avec 1.140 enfants non exposés, appariés pour l'âge, le sexe, la race et l'origine ethnique. L’auteur principal, le Dr Ashley Merianos, professeur agrégé à l'UC commente le contexte de l’étude : « Nous savions que l'exposition à la fumée secondaire est liée à une morbidité importante chez les enfants. Nous montrons que les enfants exposés sont amenés à consulter plus fréquemment, à passer plus de tests diagnostiques, de laboratoire et radiologiques et de venir aux Urgences que les enfants non exposés ». Ainsi, l’analyse révèle que :
- les enfants exposés à la fumée du tabac sont 24 fois plus susceptibles d'être admis à l'hôpital que les enfants non exposés : cela suggère que l’exposition au tabagisme passif contribue à la sévérité de la maladie ;
- ces enfants sont également près de 8 fois plus susceptibles de devoir subir une aspiration nasale avec un aspirateur nasal ;
- plus de 7 fois plus susceptibles de recevoir des stéroïdes lors de leur consultation ou visite aux Urgences.
- Parmi les enfants souffrant d'asthme, les enfants exposés en plus à la fumée de tabac sont 27 fois plus susceptibles de recevoir des stéroïdes lors de leur visite aux Urgences et plus de 15 fois plus susceptibles de recevoir un bronchodilatateur ;
- les enfants exposés à la fumée de tabac sont également 5,7 plus susceptibles de subir des tests de laboratoire, 4,7 fois des tests radiologiques et 2,7 fois des tests de diagnostic infectieux.
- les enfants âgés d'1 an ou moins sont ceux qui présentent les niveaux les plus élevés d'exposition à la fumée du tabac, probablement en raison de leur incapacité à quitter d’eux-mêmes l‘environnement enfumé dans lequel ils vivent ;
- le statut socio-économique s’avère également un facteur de risque d'exposition majeur ; près des trois quarts des enfants inclus dans l’étude étaient bénéficiaires de l’assurance publique.
En dépit de ces données, la plupart des services des Urgence ne dépistent pas systématiquement chez les enfants cette exposition au tabagisme passif et n’apportent donc pas aux familles les directives et les conseils qui seraient nécessaires. Pourtant, ajoutent les chercheurs, ces familles ont besoin de ce « moment d'apprentissage » pour parvenir au renoncement au tabac.
C’est donc un appel, réitéré, aux politiques, de mise en œuvre d’interventions de prévention du tabagisme notamment au sein des familles comportant de jeunes enfants.
Source: Pediatric Research 06 June 2020 DOI : 10.1038/s41390-020-0997-0 Child tobacco smoke exposure and healthcare resource utilization patterns
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