L’analyse des eaux usées peut permettre de suivre la propagation de l’épidémie COVID-19 et d’identifier les futurs clusters de la maladie. Aujourd’hui, cette équipe de l'Université Ben-Gurion du Néguev (Israël) suggère que ces eaux usées contenant du COVID-19 pourraient être aussi une menace sérieuse pour la santé humaine. Ces travaux, présentés dans la revue Nature Sustainability, soutiennent l‘hypothèse d’une rediffusion du virus par pulvérisation à partir des eaux usées et appellent à des recherches de toute urgence.
Le coronavirus est détectable dans les selles avant l’apparition d'autres symptômes tels que la fièvre et la toux. Plusieurs études de cas ont rapporté la présence de matériel génétique viral dans les selles de certains patients COVID-19. Les preuves étayant la possibilité d’une transmission à médiation fécale ou féco-orale se sont accumulées. Par ailleurs, en théorie, le virus pourrait également se propager dans les eaux usées après le lavage des mains (voir visuel). Les chercheurs israéliens se posent aujourd’hui la question « d’un retour de bâton » : le virus circulant dans les eaux usées pourrait-il réinfecter l’Homme ?
L’hypothèse d’une pulvérisation aéroportée du virus
Cette méta-analyse effectuée par un consortium international de 35 chercheurs des études récentes sur la présence et les effets des coronavirus (SRAS et MERS) dans les eaux usées visait à évaluer la réalité et l’ampleur de la menace possible de cette circulation du virus dans les eaux usées. L’équipe se posait plusieurs questions : quelle durée de vie des coronavirus dans l’eau ? Quel impact possible sur les sources d'eau naturelles ? Quelle concentration virale serait nécessaire pour infecter les humains ?
Des eaux usées aux sources d’eau naturelles : après étude des données existantes de la littérature, l’équipe suggère que les eaux usées qui viennent polluer les cours d'eau naturels pourraient bien entraîner une infection par pulvérisation aéroportée. De même, les eaux usées traitées utilisées pour remplir les installations d'eau récréative pourraient également devenir des sources de contagion. Enfin est débattue, l’hypothèse de fruits et légumes irrigués avec des eaux usées pouvant également constituer une voie d'infection indirecte.
Un appel à de nouvelles recherches : les chercheurs appellent à préciser dans un premier temps la durée de vie des coronavirus dans divers plans d'eau et pulvérisations puis à déterminer le risque d'infection possible à partir des différentes sources d’eau.
« Les usines de traitement des eaux usées doivent progresser vers l’utilisation de micro-membranes d'ultrafiltration, qui éliminent avec succès tous les virus », concluent les auteurs qui travaillent déjà au développement de technologies de nanofiltration de l'eau.
Source: Nature Sustainability 19 August 2020 DOI : 10.1038/s41893-020-00605-2 Rethinking wastewater risks and monitoring in light of the COVID-19 pandemic
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