Ces 25 experts de l’Université de Bristol ont souhaité développer une définition diagnostique pour une maladie largement rencontrée et reconnue mais encore mal comprise, le trouble cognitif fonctionnel. Ces troubles fonctionnels qui toucherait environ un tiers des patients vus en services spécialisées de la mémoire ne doivent pas être confondus avec une démence précoce. Ces travaux, présentés dans la revue Brain proposent donc un cadre diagnostique avec des critères mieux établis, visant à l'amélioration du diagnostic, de la gestion mais aussi de la recherche sur l’ensemble du spectre des troubles cognitifs.
En effet, une proportion croissante de difficultés cognitives a une cause fonctionnelle, dont une mauvaise santé cérébrovasculaire. La principale caractéristique clinique de ces troubles cognitifs dits fonctionnels, est une incohérence mentale interne. Fréquemment rencontré en pratique clinique, le trouble cognitif fonctionnel (FCD) est sous-diagnostiqué et souvent confondu avec la déficience cognitive légère (mild cognitive impairment : MCI), notamment chez les patients présentant des difficultés cognitives significatives mais insuffisantes pour poser le diagnostic de de démence. Selon ces experts, la déficience cognitive légère serait une sorte de « fourre-tout », à étiologie neutre, incluant donc un large éventail de causes sous-jacentes.
Tous les problèmes cognitifs ne résultent pas d’une neurodégénérescence
Une partie des déficiences cognitives légères est liée à des processus non neurodégénératifs : c’est notamment le cas des troubles cognitifs fonctionnels et, d’ailleurs -soulignent les chercheurs- de nombreux patients diagnostiqués avec une déficience cognitive légère ne progressent pas vers une démence.
Des MCI non neurodégénératives : si la dépression ou l'anxiété peuvent s’accompagner d’une neurodégénérescence, il n’est pas aujourd’hui démontré que c’est le cas pour tous les sous-groupes de patients atteints de ces troubles fonctionnels cognitifs.
« Le diagnostic doit donc rester différentiel »,
écrivent les chercheurs et préciser le caractère potentiellement réversible du trouble.
Une définition préliminaire du trouble cognitif fonctionnel est donc ici proposée par ces experts, qui précisent « sa position » par rapport à d'autres diagnostics et biomarqueurs cognitifs, de manière à pouvoir poser un diagnostic positif (par opposition à un diagnostic d'exclusion) ou à mener des examens de diagnostic alternatifs.
Il est essentiel de pouvoir détecter les patients qui ne suivent pas un processus neurodégénératif, de manière aussi à pouvoir leur offrir des interventions personnalisées : « Le dysfonctionnement des processus de pensée quotidiens est une caractéristique de ces troubles cognitifs fonctionnels, mais elle reste trop souvent diagnostiquée à tort comme une démence précoce. Le trouble cognitif fonctionnel implique une altération des processus de pensée, et contrairement à la démence, on ne s'attend pas à ce qu'il progresse : c'est un pronostic très différent qui nécessite une prise en charge différente ».
L’objectif est donc bien de démêler les causes des symptômes précoces de la mémoire et, surtout, identifier les patients dont les troubles peuvent encore s’inverser au fil du temps plutôt que de progresser vers la démence.
Source: Brain 13 August, 2020 DOI : 10.1093/brain/awaa224 Functional cognitive disorder: dementia's blind spot
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