Rappelons que l'obésité est la deuxième plus grande cause évitable de cancer après le tabagisme, entraînant environ 3,4 millions de décès par cancer dans le monde. De très nombreuses études ont tenté de démêler les liens multiples et complexes entre l'obésité et le cancer, cette nouvelle recherche documente une nouvelle corrélation : les tissus adipeux des personnes souffrant d'obésité libèrent dans la circulation sanguine des quantités accrues de vésicules extracellulaires (VE) chargées en molécules toxiques et inflammatoires, capables de modifier les cellules cancéreuses du sein pour les rendre plus agressives et plus invasives. Ces conclusions, étayées dans la revue Endocrine-Related Cancer, suggèrent ainsi que ces substances stockées puis libérées par les tissus adipeux peuvent augmenter la malignité tumorale. Avec l’espoir de nouvelles cibles thérapeutiques et de traitements anticancéreux améliorés en cas d’obésité.
L'obésité est la première priorité « chronique » de santé publique, sa prévalence augmente rapidement, entraînant une hausse d’incidence de ses comorbidités, dont certains cancers, dont le cancer du sein. Le cancer du sein est le cancer le plus courant chez les femmes et malgré l'association bien connue entre l'obésité et l'augmentation du risque de ce cancer, encore peu d'études ont évalué le rôle des tissus adipeux dans la cancérogenèse. Les tissus adipeux sont connus pour libérer des molécules inflammatoires qui peuvent augmenter le risque de diabète, de maladies cardiovasculaires mais aussi de cancer.
Ces vésicules extracellulaires (VE) qui propagent des molécules inflammatoires et toxiques
Les tissus adipeux sont en effet source de diffusion en plus grande quantité de ces VE qui véhiculent ces substances toxiques pour les cellules, dont des enzymes et des molécules impliquées dans la communication de cellule à cellule. Une meilleure compréhension de la façon dont le contenu de ces VE peut affecter les cellules cancéreuses peut contribuer à expliquer le lien entre obésité et mauvais pronostic du cancer.
L’étude menée par une équipe de l'Université de Rio de Janeiro analyse les effets des VE dérivées de tissus adipeux sur les cellules cancéreuses du sein. Le tissu adipeux a été obtenu de patientes obèses qui avaient subi une chirurgie de perte de poids et de personnes maigres subissant une chirurgie plastique. Ces tissus ont été mis en culture pendant 24 heures et les quantités et les types de substances sécrétées par les tissus de donneurs maigres et obèses ont été comparés. L’analyse constate ainsi que :
- le tissu adipeux de patients obèses sécrétait des quantités plus élevées de molécules inflammatoires, produit un plus grand nombre de petites vésicules, ce qui peut augmenter le risque de cancer du sein.
L’auteur principal, le Pr Christina Barja-Fidalgo explique ce processus : « Lorsque les vésicules extracellulaires transportant des molécules inflammatoires interagissent avec les cellules cancéreuses du sein, nous observons qu'elles sont capables de modifier leur comportement, de sorte que ces cellules cancéreuses deviennent plus agressives et plus invasives ».
L’étude révèle ainsi un autre processus par lequel l'obésité peut induire un risque accru de cancer
ici, de cancer du sein avec un mauvais pronostic.
«L'identification de ces sécrétions nocives des tissus adipeux dans le sang des patients obèses pourrait être un nouveau paramètre à surveiller, comme indicateur de la progression possible du cancer. Déterminer précisément le contenu des vésicules libérées par les tissus adipeux en cas d’obésité pourrait également désigner de nouvelles cibles thérapeutiques et améliorer le traitement du cancer ».
Source: Endocrine-Related Cancer 01 Jul 2020 DOI: 10.1530/ERC-19-0507 Obese adipose tissue extracellular vesicles raise breast cancer cell malignancy
Voir aussi Obésité Blog, Cancer Blog
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