Les cellules T ou lymphocytes T peuvent passer d’un rôle bénéfique à un rôle néfaste quand il s’agit d’athérosclérose, nous explique cette équipe du La Jolla Institute for Immunology. Ces travaux, présentés dans la revue Circulation, qui cherchent à manipuler les lymphocytes T, rapprochent les scientifiques de la conception d'un vaccin anti-athérosclérotique.
Un taux de cholestérol élevé tue.
L'athérosclérose ou l'accumulation de plaques de graisse et de cholestérol dans les artères est la première cause de maladie et d’événement cardiaque. Si les statines ont contribué à réduire la mortalité, des millions de personnes sont toujours à risque. Cette équipe de La Jolla s’est spécialisée autour de la prévention possible de la formation de ces plaques dans les artères. Ici, les chercheurs montrent que certains lymphocytes T, un type de globules blancs, qui tentent de lutter contre la maladie peuvent finir par exacerber l'inflammation et aggraver considérablement l'athérosclérose. Alors, comment mieux les « piloter » ?
Vers un vaccin contre l'athérosclérose ?
L’auteur principal, le Dr Klaus Ley a découvert que tout le monde produit des cellules T (dont récepteur en vert) capables de reconnaître ApoB (en gris clair sur visuel), le squelette protéique du cholestérol LDL. Le LDL ou « mauvais » cholestérol, est important pour transporter les molécules de graisse là où elles sont nécessaires dans le corps, mais en excès il contribue à la formation des plaques d’athérome qui rétrécissent les artères. L’idée serait donc d’exploiter la capacité des cellules T à reconnaître ApoB pour concevoir un vaccin qui cible le LDL et contribue à empêcher la formation de plaques dangereuses.
Pour concevoir un vaccin sûr pour l’Homme, les chercheurs devaient décrypter le fonctionnement des cellules T dans l'athérosclérose. L’équipe a pu identifier les épitopes – les cibles des lymphocytes T – sur la protéine ApoB ; puis construire ensuite des « tétramères » capables de cibler les cellules T qui peuvent réellement reconnaître ces épitopes. C’est ainsi que les scientifiques parviennent à identifier un groupe de cellules T régulatrices qui pourraient réduire l'inflammation dans le corps.
Le passage de cellules T régulatrices aux cellules pathogènes : quelque chose se détraque dans l'athérosclérose qui bouleverse la fonction de ces cellules. Au lieu de réduire l'inflammation, ces lymphocytes T régulateurs commencent à sécréter des molécules immunitaires, appelées cytokines, qui augmentent l'inflammation et rétrécissent encore davantage les artères. En somme, ces cellules T censées réduire l'inflammation, accélèrent la maladie.
Le phénomène est reproduit chez des souris modèles d'athérosclérose et chez des patients atteints de maladie coronarienne.
Comprendre exactement ce qui pousse les lymphocytes T régulateurs à devenir pathogènes permettra peut-être de mettre au point un vaccin anti-athérosclérose.
Source: Circulation 24 Jul 2020 DOI : 10.1161/CIRCULATIONAHA.119.042863 Pathogenic autoimmunity in atherosclerosis evolves from initially protective ApoB-reactive CD4+ 2 T-regulatory cells
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