Cette équipe de la Royal Melbourne Institute of Technology (RMIT) suggère qu’une découverte autour du paludisme pourrait accélérer le développement d’un traitement antiviral du COVID-19. Le principe serait de cibler l’hôte, plutôt que le pathogène et, précisément ici, les enzymes kinases activées dans les globules rouges humains infectés par le parasite du paludisme. Ces travaux, présentés dans Nature Communications, promettent ainsi de toutes nouvelles cibles thérapeutiques pour le COVID-19 mais aussi d’autres maladies infectieuses comme l’hépatite B.
L'étude, menée par une équipe internationale et dirigée par le professeur Christian Doerig de la RMIT, décrit une stratégie qui pourrait faire gagner des années de recherche pour le développement de médicaments, en réutilisant des traitements existants conçus pour d'autres maladies telles que le cancer. L'approche est tellement prometteuse qu'elle a reçu un financement du gouvernement australien pour son adaptation contre le COVID-19.
Identifier et cibler les enzymes de l’hôte qui permettent l’infection du pathogène
La preuve de concept avec le paludisme : l'étude démontre que l’activité des parasites responsables du paludisme dépend fortement de certaines enzymes des globules rouges dans lesquels les parasites se cachent et prolifèrent. Or il existe des médicaments développés pour le traitement du cancer, qui inactivent ces mêmes enzymes, appelées kinases. Ces molécules sont ainsi extrêmement efficaces à éliminer le parasite et constituent une alternative aux médicaments qui ciblent directement le parasite.
Une approche moins coûteuse et plus rapide : l'analyse identifie ici les enzymes de la cellule hôte qui se trouvent activées pendant l'infection, ce qui révèle de nouveaux points de dépendance du parasite à son hôte humain, ou cibles thérapeutiques possibles. L’approche a donc le potentiel de réduire considérablement les coûts et d'accélérer le déploiement de nouveaux antipaludiques. Mais, au-delà du paludisme, il se trouve que ces enzymes hôtes sont dans de nombreux cas les mêmes que celles activées dans les cellules cancéreuses : le principe est donc de tester des médicaments anticancéreux existants plutôt que de développer de nouveaux médicaments.
Pas de résistance possible au médicament : c’est le deuxième avantage de l’approche, car l'agent pathogène ne peut pas s'échapper et résister en mutant, comme c'est le cas avec la plupart des antipaludiques actuellement disponibles. Des résultats décrits par leurs auteurs comme passionnants, en particulier parce qu’ils relèvent le défi de la résistance mais aussi parce que l’approche est innovante et économique. « En ciblant l'hôte et non le pathogène lui-même, nous supprimons la possibilité pour le pathogène de devenir rapidement résistant en mutant car la cible est produite par l'hôte pas par le pathogène ».
Un potentiel certain contre COVID-19 : les équipes du RMIT et du Peter Doherty Institute for Infection and Immunity (Doherty Institute, Melbourne) collaborent déjà pour adapter l’approche à la lutte contre COVID-19.
« L’approche s’avère efficace pour d'autres agents pathogènes humains, y compris le paludisme et le virus de l'hépatite C, et il y a déjà de réelles perspectives de l'utiliser pour découvrir de nouvelles cibles médicamenteuses pour l'hépatite B et le COVID-19 », conclut le Pr Peter Revill du Royal Melbourne Hospital.
Source: Nature Communications 11 August, 2020 DOI:10.1038/s41467-020-17829-7 Analysis of erythrocyte signalling pathways during Plasmodium falciparum infection identifies targets for host-directed antimalarial intervention
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