On sait que si la plupart des patients infectés produisent bien des anticorps et si ces anticorps se maintiennent au moins 2 semaines après la sortie de l’hôpital, la réponse immunitaire varie considérablement d'un patient à l'autre. Mais, finalement, on ignore les caractéristiques, selon les patients et selon les formes de la maladie, des réponses immunitaires induites par le virus SRAS-CoV-2. Combler cette lacune est impératif pour accélérer le développement d'un vaccin efficace. Cette nouvelle étude de l’Université de Californie – Los Angeles (UCLA) révèle que chez les personnes atteintes de formes bégnines de COVID-19, les anticorps anti-coronavirus chutent considérablement au cours des 3 premiers mois qui suivent l’infection. Des données, présentées dans le New England Journal of Medicine qui vont changer la donne.
L’étude estime précisément que les anticorps contre le SRAS-CoV-2 chutent brusquement au cours des trois premiers mois qui suivent l'infection, diminuant de moitié toutes les 73 journées. A ce rythme, les anticorps disparaissent sur une année en quasi-totalité. Ce résultat vient confirmer de précédentes études qui suggéraient aussi cette courte durée, mais l’étude la précise pour la première fois et suggère ainsi le rythme théorique de la vaccination, le cas échéant.
Un déclin très rapide du taux d’anticorps anti-SARS-Cov-2, en quelques semaines seulement.
Sur 80 participants volontaires post-COVID-19, les chercheurs ont suivi l’immunité de 20 femmes et 14 hommes rétablis de formes bégnines de la maladie. Des tests d'anticorps ont été réalisés en moyenne tous les 36 jours après les premiers symptômes de l'infection. L’analyse aboutit à ce déclin très rapide du taux d’anticorps, sur quelques semaines.
Si le rôle protecteur des anticorps contre le SRAS-CoV-2 reste à évaluer, ces anticorps sont généralement un corrélat de l'immunité antivirale, et les niveaux d'anticorps anti-domaine de liaison correspondent à l'activité plasmatique contre le virus. Dans cette étude, la désintégration précoce des anticorps est exponentielle (voir visuel ci-contre) et plus rapide que dans le cas du coronavirus SARS-CoV-1 (SRAS). Enfin, il est difficile d'extrapoler au-delà de la période d'observation d'environ 90 jours mais il est probable que la désintégration des anticorps ralentit ensuite.
« Les résultats font craindre que l'immunité humorale ne dure pas longtemps chez les personnes atteintes d'une maladie bénigne »,
écrivent les chercheurs. Or ces patients composent la majorité des personnes atteintes de COVID-19.
Les résultats soulèvent des inquiétudes sur l’immunité collective et accessoirement sur les « passeports d'immunité ». Ensuite, ils posent la question de la fiabilité des tests d'anticorps et de la durabilité des vaccins eux-mêmes à base d'anticorps.
Source: New England Journal of Medicine July 21, 2020 DOI: 10.1056/NEJMc2025179 Rapid Decay of Anti–SARS-CoV-2 Antibodies in Persons with Mild Covid-19
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