Cette étude analyse la provenance des tout premiers cas de COVID-19 -en dehors de la Chine à partir de l’analyse des antécédents de voyage de ces cas. Lorsque les chercheurs prennent en compte le premier cas confirmé de COVID-19 dans chaque pays touché en dehors de la Chine continentale, près des deux tiers de ces cas ont des antécédents de voyage en Italie, en Iran ou en Chine bien sûr. Des données présentées dans le Lancet Infectious Diseases qui confirment l’importance de cerner les clusters en mettant en lumière le fait que les voyages en provenance de quelques pays seulement ont entraîné une transmission importante du SRAS-CoV-2 partout dans le monde.
L’analyse estime même que :
- 1 sur 4 de ces premiers cas est originaire d'Italie,
- 1 sur 5 est originaire de Chine ;
- de petits clusters de transmission domestique ont été signalés parmi les cas précoces, mais le « gros » de la transmission s’est produit à partir de groupes professionnels et communautaires plus importants.
Ces nouvelles données soutiennent à nouveau l’importance de la distanciation
et de l’interdiction de trop larges regroupements de population pour ralentir la propagation du COVID-19.
Cette étude a suivi en ligne la propagation mondiale du SRAS-CoV-2 au cours des 11 premières semaines de l'épidémie (du 31 décembre 2019 au 10 mars 2020). Elle révèle que les cas liés à des voyages en Chine, en Italie ou en Iran représentent près des deux tiers des premiers cas de COVID-19 signalés dans les pays touchés : « Nos résultats suggèrent que les voyages en provenance de quelques pays seulement avec une transmission importante du SRAS-CoV-2 pourraient avoir provoqué des épidémies supplémentaires dans le monde avant la caractérisation de COVID-19 comme pandémie le 11 mars 2020 », déclare l’auteur principal, le Dr Fatimah Dawood des US Centers for Disease Control and Prevention (CDC).
La première analyse de la période prépandémique : l'étude est en effet la première à utiliser des données mondiales publiques pour décrire la transmission liée aux voyages et les caractéristiques des premiers clusters de COVID-19 dans différents pays. Les chercheurs ont examiné quotidiennement les rapports en ligne des ministères nationaux de la Santé et d'autres sites Web d'agences gouvernementales, les flux de médias sociaux et les communiqués de presse pour identifier les nouveaux cas confirmés de COVID-19 signalés entre le 31 décembre 2019 et le 10 mars 2020, c'est-à-dire pendant la période « prépandémique », correspondant aux premières semaines 1 à 11. Les pays ayant déclaré au moins un cas durant cette période ont été classés comme touchés. Les premiers cas ont été définis comme les 100 premiers cas signalés dans chaque pays, et les cas ultérieurs comme ceux après les 100 premiers cas. Les chercheurs ont analysé l'historique des voyages pour le premier cas signalé dans chaque pays en dehors de la Chine continentale et les caractéristiques des premiers cas (dont l'âge, le sexe, le mode d’exposition).
- Au cours de ces 11 premières semaines 32.459 cas de COVID-19 ont été confirmés dans 99 pays et localités en dehors de la Chine continentale.
Quelques pays seulement à l’origine des premiers cas : l'analyse révèle, à partir de l’historique de voyage du premier cas signalé dans chaque pays touché que :
- les voyages en Italie sont liés à la moitié (3/6 cas) des premiers cas signalés en Afrique et à plus d'un tiers (36%, 16/45) des cas signalés en Europe et en Amérique (38%, 5/13) ;
- les voyages en Chine continentale représentent 83% (10/12) des premiers cas signalés dans le Pacifique occidental et plus de la moitié (57%, 4/7) en Asie du Sud-Est ;
- 44% des premiers cas signalés en Méditerranée orientale ont des antécédents de voyage en Iran ;
- sur 1.200 cas provenant de 68 pays pour lesquels des informations sur l'âge ou le sexe étaient disponibles, 73% sont des cas précoces âgés en moyenne de 51 ans ;
- seuls 3% des (premiers) cas sont survenus chez des enfants de moins de 18 ans ;
- seuls 2% des (premiers) cas sont survenus chez des professionnels de santé ;
- la transmission familiale est signalée dans les ¾ des clusters, avec une moyenne de 2,6 cas par cluster ;
- la transmission professionnelle induit des clusters de 4,3 cas en moyenne ;
- les autres clusters, lié »s à une transmission « communautaire » sont plus importants : 14,2 cas
- Une détection relativement tardive du COVID-19 en Afrique est également mise en évidence, avec seulement 6 pays d’Afrique sur 46 (13%) signalant des cas au moment où l'OMS qualifiait l'épidémie de pandémie (le 11 mars 2020).
Certes l’étude, basée sur l’analyse seulement de 4% (1.200 des 32.459) des premiers cas confirmés et ces premiers cas confirmés n’étant pas « forcément » les premiers, a probablement des limites mais elle met en évidence (avec cette identification d’un petit nombre de sources au départ de l’épidémie) l’importance de la détection précoce par les tests et du maintien et du respect des mesures de distanciation.
Source: The Lancet Infectious Diseases July 29, 2020 DOI: 10.1016/S1473-3099(20)30581-8 Observations of the global epidemiology of COVID-19 from the prepandemic period using web-based surveillance: a cross-sectional analysis
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