Le médecin peut prescrire une statine à son patient pour réduire son taux de cholestérol et le risque de crise cardiaque. Cependant les statines peuvent entraîner des effets indésirables : de nombreuses études ont ainsi rapporté des douleurs musculaires chez 5 à 10% des patients. Cet article d’experts de l’Université de Miami, publié dans les Mayo Clinic Proceedings, peut aider le praticien à prendre la bonne décision thérapeutique.
Les auteurs principaux, le Dr Carl E Orringer de l'Université de Miami et le Dr Kevin C Maki de l'Indiana University recommandent de baser la décision sur le score coronaire calcique qui permet d’évaluer précisément l’importance des dépôts athéromateux calcifiés pouvant affecter la paroi des coronaires. Les chercheurs prennent également en compte les directives de fin 2018 de l'American Heart Association, de l'American College of Cardiology et de 10 autres Sociétés savantes précisant quels sont les patients les plus susceptibles de bénéficier d'un traitement hypocholestérolémiant. Enfin, les auteurs prennent également en compte l’efficacité bien documentée des statines, les hypocholestérolémiants les plus prescrits, à réduire le risque de crise cardiaque et d'AVC. Cependant, les statines restent recommandées pour les personnes à risque cardiovasculaire élevé, et non recommandées en cas de faible risque.
La question de la prescription se pose donc pour un grand nombre de patients dont le niveau de risque
« est quelque part entre les deux ».
Disponible depuis environ 20 ans, le score calcique peut guider la décision thérapeutique
Chez les patients sans antécédents de maladie cardiovasculaire, la directive recommande que les médecins utilisent un calculateur de risque pour déterminer quels patients présentent un risque cardiovasculaire suffisamment élevé pour bénéficier d'une statine.
Le score calcique coronarien soutient la décision de prescription : pour les autres patients, un test d'imagerie appelé score calcique coronarien peut aider les médecins à faire la bonne recommandation sur l'utilisation de statines. Ce test est une tomodensitométrie (scanner) de 10 minutes à la recherche de dépôts de calcium dans les artères alimentant le cœur en sang (coronaires)- Voir visuel. Les dépôts de calcium suggèrent la présence de plaque coronaire ou athérosclérose. Le test ne nécessite aucune injection, produit moins d'exposition aux radiations qu'une mammographie de routine et est largement disponible et peu coûteux. Disponible depuis environ 20 ans, son utilisation pour guider les décisions thérapeutiques pour les crises cardiaques et la prévention des AVC n’est que récemment conseillée.
- 40 à 50% des patients diagnostiqués comme à risque modéré de crise cardiaque et/ou d'AVC obtiennent un score calcique nul. Ces patients ont un risque de crise cardiaque et d’AVC si faible au cours des 10 prochaines années que la prise d'une statine apporte une protection minimale ;
- Les autres patients qui obtiennent un score calcique plus élevé, présentent des signes d'accumulation importante de calcium et sont très susceptibles de bénéficier d'une statine.
Prendre une statine n'est pas une décision anodine, car cela signifie prendre quotidiennement son traitement, effectuer des tests sanguins de suivi et consulter régulièrement pour valider la réponse au traitement. De plus, les patients qui éprouvent des effets secondaires peuvent avoir besoin de tests supplémentaires.
Le score calcique est donc un marqueur clé chez ce groupe à risque cardiovasculaire modéré.
Source : Mayo Clinic Proceedings July 2020 DOI : 10.1016/j.mayocp.2020.01.016 HOPE for Rational Statin Allocation forPrimary Prevention: A Coronary ArteryCalcium Picture Is Worth 1000 Words
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